De France où elle séjourne depuis quelques jours, dans le cadre d'une tournée internationale de sensibilisation autour de la question sahraouie, Aminatou Haider, défenseur sahraoui des droits humains, a appelé à la création d'« un mécanisme de protection » du peuple sahraoui contre les exactions des autorités marocaines. Mme Haider, qui animait lundi une conférence à Paris, a alerté la communauté internationale sur la situation au Sahara-Occidental qu'elle qualifiera de « préoccupante ». « Le peuple sahraoui, qui a entamé une résistance pacifique pour son droit à l'autodétermination, est quotidiennement réprimé dans un territoire verrouillé par les autorités marocaines qui empêchent les représentants de la communauté internationale et la presse de venir s'informer de ce qui s'y passe réellement », a-t-elle déploré. Mme Haider, elle-même incarcérée de 1987 à 1991 et torturée pour son activité, n'a pas omis à cette occasion de dévoiler à l'opinion publique française, qui ignore encore la situation des droits de l'homme au Sahara-Occidental, le lot de souffrances, de répression, de brimades que subit quotidiennement le peuple sahraoui. La courageuse militante sahraouie des droits humains a fait état « de nombreux messages anonymes » la menaçant de la liquider physiquement si elle poursuivait son activité de défense des droits humains. Mme Haider a d'ailleurs appréhendé son retour au Sahara-Occidental où elle se dit certaine d'être encore arrêtée. Pas moins de 33 prisonniers politiques, en grève de la faim et dans un état critique, dont 4 défenseurs des droits humains, se trouvent toujours dans les geôles marocaines. Ce faisant, après les Etats-Unis, la Suisse, l'Italie, l'Espagne, la Suède et l'Afrique du Sud, Mme Haider a entamé en France de nombreux contacts, notamment avec la section française de l'ONG Amnesty International. Elle sera reçue par plusieurs maires de villes françaises jumelées avec des villes sahraouies, et des rencontres au Sénat et à l'Assemblée nationale française ont été prévues pour sensibiliser les élus. Par ailleurs, réagissant hier sur le contenu du rapport du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) sur le Sahara-Occidental, le coordinateur du Front Polisario avec la Minurso, M'hamed Khaddad, a estimé que celui-ci (le rapport) a mis en lumière « les exactions marocaines » et le « déni de justice » dont est victime le peuple sahraoui. Le rapport, qui a été élaboré par la commission du HCDH après sa visite dans les villes occupées du Sahara-Occidental en mai dernier, démontre également, selon le responsable sahraoui, que « la mère de toutes les violations des droits de l'homme au Sahara-Occidental est le déni de justice que représente le refus du Maroc d'appliquer le référendum d'autodétermination ». « Le droit fondamental, qui est l'autodétermination, n'est pas respecté par le Maroc au Sahara-Occidental, tout comme les autres droits de l'homme : politiques, sociaux, la liberté d'expression et de rassemblement », a déploré M. Khaddad. La commission du HCDH « a pu s'en rendre compte et le montrer à la face du monde », a-t-il souligné. Le rapport du HCDH, publié jeudi dernier, a affirmé que l'autodétermination est un « droit fondamental » du peuple sahraoui, qui doit en jouir « sans plus de retard ». Les rédacteurs du rapport avaient fait état de « tortures » et de « maltraitance » subies par des manifestants sahraouis, en tenant compte des témoignages d'activistes sahraouis des droits humains.