Fatima Zohra Bouaouni est juriste. Dounia Hedid biologiste. La première est originaire de Blida, la seconde est d'Alger. Autodidactes picturalement parlant, elles ont un dénominateur commun : la passion dévorante pour l'art pictural. Et une flamme qu'elles entretiennent dans leur cœur. Chaleureusement. Celle de la nostalgie. Le patrimoine. Un partage unitaire. Pour exprimer leur amour éperdu pour les petites, mais précieuses choses d'antan. Histoire de mémoire collective. Contre l'oubli. Et voire pour la sauvegarde du terroir. Aussi, ces deux consœurs, pour ne pas dire «âmes sœurs» ont-elles étrenné leur toute première exposition picturale. Un baptême du feu au musée public national du Bardo, à Alger. Une exposition inaugurale, où Fatima Zohra et Dounia ont exhibé leurs œuvres. Au grand bonheur d'une faune de visiteurs enthousiastes. Grands et petits. C'était une sorte de célébration familiale et amicale. Avec la caution d'artistes comme Hamidou, Nourreddine Saoudi, Boualem Ziani, venus encourager les deux jeunes filles. D'ailleurs, une certaine fébrilité était dans l'air. Ainsi, les deux artistes peintres ont offert une collection justement intitulée «Voyage Nostalgie». Une destination vers le nostalgique patrimoine. Et les visiteurs n'ont pas été déçus du voyage. Car à travers les galeries du musée public national du Bardo, Fatima Zohra et Dounia effectuaient des visites guidées plus efficientes qu'un «syndicat d'initiative». Ici, Fatima Zohra immortalise le dôme du Saint-patron, Sidi Kebir (Blida), là, Dounia se souvient d'une venelle de La Casbah qui n'existe plus, ou encore là-bas elle décrit les atours d'une femme berbère, et ce, avec élégance et finesse. Et puis, des haltes pittoresques fleurant bon l'ocre sable chaud ou la brise marine. On dirait le Sud A l'image des toiles intitulées «Le printemps à Sidi Kebir», «Vendeuse de jasmin», «Vers la source», «La vie», «Roses de quartier», «Le potier»... «Moi, je vais plus dans la précision. J'aime bien les pinceaux fins. Je ne travaille pas avec les couteaux. Non plus dans les reliefs. J'aime les personnages et les portraits. Pour moi, une toile sans une présence humaine est une toile un peu vide. Donc, je la rends vivante. Franchement, cette exposition est un rêve. Un rêve d'enfance. En ce qui concerne le thème ‘‘Nostalgie'', c'est par rapport aux endroits, les rues, les traditions de l'Algérie… C'est un thème qui nous tient à cœur à toutes les deux. J'adore les quatre coins de l'Algérie. Je suis beaucoup plus inspirée par le Sud algérien. Mettre en avant la culture algérienne…», commentera Dounia Hedid. «Pour l'intitulé de l'exposition ‘‘Voyage Nostalgie'', je suis une personne nostalgique. C'est une allusion au patrimoine, aux traditions ancestrales. Celles des lieux, des places, des rues… Et ces traditions ont disparu. Je les fait renaître à ma manière de par mes toiles. Et j'essaie de les transposer à travers un voyage pictural. Des images issues de ma prime enfance. Sincèrement, je ne m'attendais pas à un tel accueil. C'est très encourageant...», étayera Fatima Zohra Bouaouni. C'est sûr, c'est une exposition olfactive et délicate. Car c'est un parfum de femmes !