Les enseignants contractuels en marche vers Alger ont entamé, hier, une grève de la faim à Boudouaou, dans l'ouest de Boumerdès, suite à leur empêchement par les forces de sécurité de continuer leur route vers la capitale. Tôt le matin, au moment où les contractuels s'apprêtaient à continuer leur marche, les pouvoirs publics ont déployé un impressionnant dispositif sécuritaire à la cité des 950 Logements à Boudouaou, à quelques encablures de l'autoroute menant vers Alger. «C'est suite à l'échec des négociations avec la délégation dépêchée, dimanche soir, par le ministère de l'Education nationale, que nous avons pris la décision de continuer la marche vers Alger. Malheureusement, les pouvoirs publics ont tout fait pour nous en empêcher. Notre mouvement était et reste pacifique. De quoi ont peur les pouvoirs publics ?» demande Bachir Saidi, porte-parole des contractuels. Comme prévu, les marcheurs présents à Boumerdès, environ 1500 contractuels, ont décidé d'entamer une grève de la faim. «Nous avons pris la décision à l'unanimité d'entamer une grève de la faim. Nous resterons ici, à Boudouaou, jusqu'à l'intervention du président de la République. Ce sera l'intégration ou la mort», déclare notre interlocuteur. Revenant sur l'offre de la ministre de l'Education nationale, Bachir Saidi estime qu'à part l'intégration, le mouvement de protestation continuera. «A quoi serviront les 5 ou 6 points supplémentaires d'expérience professionnelle que nous propose le ministère ? Il faut savoir que le nombre des postes est très limité. A titre d'exemple, pour la matière des mathématiques dans la wilaya de Bouira, il n'y a aucun poste. L'offre du ministère n'a aucune valeur dans ce cas», conclut-il. Sur la voie menant vers l'autoroute, des centaines de contractuels sont couchés par terre, sous les regards curieux des élèves sortants de l'école à midi. Même grièvement blessés, des dizaines parmi eux ne veulent pas céder. Surtout depuis l'arrivée des dizaines de leurs collègues. Le troisième trimestre menacé Les 230 km parcourus de Béjaïa à Boumerdès par les combattantes et combattants de la dignité n'ont eu aucun effet sur les pouvoirs publics, qui continuent à ignorer leurs revendications. «C'est honteux ! On dirait qu'il y a deux pays dans une seule Algérie. Il y a des contradictions entre le discours officiel et ce qui se pratique sur le terrain. Les pouvoirs publics tolèrent les manifestations dans certaines régions du pays et les interdisent dans d'autres. C'est incompréhensible !» s'exclame Idir Achour, secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). «Le troisième trimestre de l'année scolaire est tout simplement menacé d'interruption si cette crise perdure», ajoute-t-il. Des syndicats au chevet des contractuels Au moment où nous mettons sous presse, le ministère de l'Education nationale a appelé les contractuels à déléguer cinq représentants pour de nouvelles négociations. De leur côté, les représentants du Cnapeste à Boumerdès et Béjaïa dénoncent «l'attitude musclée des pouvoirs public envers les enseignants contractuels à Boudouaou». «Ces enseignants sont à bout du souffle après avoir marché pendant plusieurs jours, surtout les enseignantes. Nous les soutenons corps et âme et nous dénonçons ce concours de recrutement», déclare M. Benamara, coordinateur du Cnapeste à Boumerdès. Slimane Zenati, coordinateur du Cnapeste à Béjaïa, abonde dans le même sens : «Demain (aujourd'hui, ndlr), nous organiserons des conférences régionales pour répondre à l'attitude musclée des pouvoirs publics qui ont encerclé nos camarades avec des forces antiémeute. Nous allons aussi mener des protestations à travers le territoire national en soutien aux contractuels.»