Une première. Une famille congolaise a trouvé refuge dans un centre d'accueil algérien, chose inimaginable jusqu'à présent. «Cela est un immense soulagement pour Aminata et ses enfants. Mais cela représente aussi une avancée encourageante pour ce qui a trait à la prise en charge en Algérie des migrants et des demandeurs d'asile», se réjouit Saleha Boucheloui, chargée de la défense des droits des migrants au sein de la Caritas. Aminata, Congolaise de 37 ans et mère de quatre enfants, est arrivée en décembre à Alger. Militante des droits de l'homme et activiste, elle a fui son pays suite aux pressions et autres menaces sur sa vie et celle de ses enfants. «Elle a évidemment pris contact avec le HCR, et a procédé à un dépôt de demande d'asile politique. Toutefois, cet organisme ne prend en charge que les personnes reconnues comme étant réfugiées», explique Mme Boucheloui. De ce fait, en attendant que le HCR statue sur son cas, la petite famille s'est retrouvée à la rue et sans ressource. «Ils ont dû vivre, tout ce temps, au siège de la Caritas», relate Mme Boucheloui. Après 5 mois de «galère», avoir frappé à toutes les portes, la Caritas a pu les «placer». «Nous avons pu obtenir auprès d'un juge pour mineurs le placement provisoire, il y a deux semaines, des quatre enfants au centre d'El Biar. Pour ce qui est d'Aminata, ce n'est que mardi que le ministère de la Solidarité nationale a donné son accord pour qu'elle puisse intégrer le centre pour femmes en détresse de Bou Ismaïl», explique-t-elle. Ce qui est, en soi, une «révolution». Car, jusque-là, aucun centre d'accueil, quelles que soient sa nature et sa vocation, n'a accepté d'intégrer un «non-Algérien». «Même les enfants, pas seulement les migrants clandestins, même les Syriens ou autres n'ont pas accès à ce type d'établissement», insiste Mme Boucheloui. «Toutefois, nous avons espoir que la nouvelle loi relative à la protection de l'enfance — qui est très riche et qui stipule clairement que les réfugiés ont les mêmes droits que les Algériens — nous permettra d'obtenir une prise en charge plus vaste et diverse», poursuit-elle. «Je tiens surtout à souligner la coopération active et sans faille des différents acteurs concernés, que ce soient les autorités judiciaires et sécuritaires, ou encore le ministère de la Solidarité nationale et sa direction de la famille», affirme la chargée de la défense des droits des migrants au sein de la Caritas. Ils sont ainsi à l'abri, en attendant une régularisation du HCR qui devrait accorder un statut de réfugiée politique à la militante, ce qui permettra à cette famille d'être à nouveau réunie. Même si le «dossier» Aminata n'est évidemment qu'un cas parmi des milliers d'autres, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'«un grand espoir et une preuve que cela est possible, qu'une meilleure prise en charge, humaine et digne est dans nos moyens», conclut Mme Boucheloui.