La famille et les amis du défunt Ali Mécili, les cadres et militants du Front des forces socialistes (FFS) ainsi que de nombreux citoyens anonymes ont participé, hier, au recueillement annuel en hommage à la mémoire du leader de l'opposition algérienne durant les années 1970 et 1980, assassiné le 7 avril 1987 à Paris. Tenue comme d'habitude au cimetière Père Lachaise, la cérémonie de cette année a été marquée par la présence de l'esprit de Hocine Aït Ahmed, ami et compère de Mécili avec lequel il a codirigé le FFS pendant près d'un quart de siècle. «Cette commémoration, vous le savez tous, revêt un caractère exceptionnel. La disparition de Hocine en décembre dernier est une perte irréparable pour nous et pour l'ensemble du peuple algérien. Il a toujours été avec nous dans la lutte pour exiger la vérité sur l'assassinat de Ali par les Services algériens. Les deux partageaient les mêmes valeurs, le même combat… et le même amour de la vie. Ils se vouaient un respect mutuel dû à leur profonde amitié», a rappelé Annie, veuve de Me Mécili, en présence exceptionnelle de Nna Djamila, veuve de Hocine Aït Ahmed. Cette dernière, venue spécialement de Lausanne, a insisté pour être présente en dépit de son état de santé fragile. C'était sa manière de marquer une commémoration inédite sans Aït Ahmed. Annie Mécili, qui porte depuis 29 ans le combat contre l'impunité dont bénéficient les assassins du père de ses enfants, a réitéré pour la énième fois sa «détermination à poursuivre la quête de la justice et de la vérité». Et ce, malgré le non-lieu général prononcé en novembre 2014 puis confirmé en septembre 2015 par la justice française dans l'enquête sur l'assassinat de Ali Mécili. Présents lors de cet anniversaire par leurs voix et leurs discours diffusés par des enceintes, Aït Ahmed et Mécili étaient également de la partie par leurs écrits. En effet, Léa et Yalhane, enfants de Mécili, et François, son neveu, ont lu des textes choisis qui résument au mieux la pensée des désormais anciens numéros un et deux du FFS. «Les deux hommes se sont toujours engagés pour l'unité nationale autour d'un socle démocratique», a souligné Ali Laskri, membre du présidium du FFS, en marge de la cérémonie à laquelle il a participé, accompagné de plusieurs députés, élus et cadres du parti. «En cette première cérémonie après la disparition de Si L'Hocine, il faut dire qu'il manque énormément à ses amis ici présents et aux militants du FFS. Fort heureusement, il est dignement représenté par sa famille, particulièrement sa fille Bouchra et son épouse Nna Djamila», a déclaré M. Laskri. Dénonçant «la raison de deux Etats – expliquée déjà par le livre-témoignage Affaire Mécili de Hocine Aït Ahmed – qui voudrait enterrer ce dossier d'assassinat politique», le dirigeant du FFS s'est montré rassurant : «Nous continuerons à soutenir Annie et ses enfants. Nous ne nous permettrons jamais d'être en marge du combat pour la justice et la vérité pour l'un de nos dirigeants assassinés. De surcroît, un grand homme politique rassembleur pour toute l'opposition et pour toutes les couches sociales populaires, syndicales et associatives. Nous sommes condamnés, par ailleurs, à poursuivre le combat de Ali et de Si L'Hocine qui n'ont jamais failli au serment de Novembre 1954.»