Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la Présidence et également secrétaire général par intérim du RND, est monté au créneau, hier, pour dénoncer «un complot» orchestré par la France et ses relais en Algérie. La photo du président Bouteflika tweetée par Manuel Valls, Premier ministre français, a fait «trop mal» en haut lieu. Ouyahia a qualifié de comportement «abject» la publication et l'exploitation «éhontée» de l'image du chef de l'Etat le montrant très affaibli. Il condamne ce qu'il qualifie de «comportement abject» des revanchards et de certains médias français qui ont relayé cette image, comme il condamne avec la même sévérité leurs relais dans notre pays. Ahmed Ouyahia, qui a été plébiscité, hier, par les congressistes de la région centre du pays, a, dans sa prise de parole, reconnu que la maladie de Bouteflika a réduit son énergie et qu'aujourd'hui, il n'a plus la santé d'il y a 15 ans. Mais cela n'a pas empêché l'orateur de défendre le bilan et de vanter les réalisations d'un Président qui commémore, ce 17 avril, le deuxième anniversaire de sa réélection pour un quatrième mandat. S'attardant sur la photo tweetée par Valls, Ouyahia estime qu'il s'agit là d'une manœuvre coordonnée par certains entre Paris et Alger. «En France — qui veut bâtir un partenariat d'exception avec l'Algérie — subsistent toujours des revanchards qui ne veulent pas admettre que l'Algérie de papa, c'est terminé. On ne peut pas vouloir un partenariat d'exception et en même temps avoir des actes désobligeants», a tranché l'orateur, précisant que ces colonialistes revanchards acceptent encore moins que l'Algérie défende ses intérêts régionaux ou qu'elle dénonce les atteintes à ses propres institutions ou, mieux encore, qu'elle préserve ses intérêts économiques. D'où, de son avis, l'exploitation éhontée de l'image du chef de l'Etat. «N'avons-nous pas vu de hautes personnalités françaises en parfaite santé s'endormir durant une activité officielle ?» a ironisé Ouyahia. Pas de commentaire sur Khelil Ne dérogeant pas à la règle, Ouyahia s'en est pris à l'opposition et à la presse. Il reproche à la première l'exploitation de la photo diffusée par le responsable français pour exiger l'application de l'article 88 de la Constitution (aujourd'hui 102) au lieu de défendre les institutions du pays. «La photo de Bouteflika est devenue un registre de commerce pour une certaine opposition très présente dans quatre journaux algériens et sur certains sites électroniques», note Ouyahia, fustigeant par la même, sans les nommer, les lobbies de l'argent sale qui veulent à tout prix, selon lui, prendre le pouvoir en étalant leur monopole sur les médias. Et d'avertir : «Si l'on ouvre les dossiers, beaucoup se noieraient», dans une allusion un peu intrigante à Issad Rebrab qui vient de racheter le groupe de presse El Khabar. Sur un autre chapitre, Ouyahia a osé répondre à Amar Saadani qui l'a accusé de ne pas être honnête envers le président Bouteflika : «Je suis honoré de la confiance que me porte le président de la République et président du FLN. Quant à Saadani, il est libre de ne pas me faire confiance.» S'agissant des révélations des Panama Papers qui impliquent le ministre de l'Industrie, M. Bouchouareb, Ouyahia apporte son soutien à ce dernier en affirmant qu'«il a ouvert son compte avant d'être ministre». Il conclut par cette interrogation : «Est-ce que ces capitaux sont sortis d'Algérie ?» Et de répondre en avouant qu'il ne détient pas de réponse. Ouyahia a refusé par contre de commenter le retour de Chakib Khelil, arguant qu'il respectait le travail de la justice. Concernant le congrès extraordinaire du RND, Ouyahia est persuadé que cet événement permettra de mettre un terme à une dérive apparue il y a près de quatre ans au sein du parti et aussi au diktat d'une minorité.