Le workshop international sur la cryptographie et ses applications (IWCA 2016) organisé par le laboratoire d'analyse des composants sur silicium s'est ouvert hier à l'USTO Mohamed Boudiaf. Il réunit plusieurs chercheurs algériens, dont quelques-uns venus de France, pour développer une thématique d'une actualité brûlante : la sécurité des données informatiques. «Il s'agit pour nous de faire le point sur les innovations et les nouvelles applications concrètes de la cryptographie», a indiqué la rectrice de l'USTO, Mme Nacera Benharrat, dans son allocution d'ouverture, considérant que c'est là un événement sans précédent à l'USTO pour un domaine aussi pointu. «Les conférences enrichiront à coup sûr les connaissances de nos jeunes chercheurs et apporteront un peu de lumière dans ce domaine énigmatique», ajoute-t-elle. Le programme du workshop, étalé sur deux jours, comporte 7 plénières, 16 sessions orales et 27 sessions posters. Selon A. Ali Pacha, responsable du laboratoire organisateur de l'événement, sur 57 articles reçus suite à l'appel à participation, seuls 43 ont été retenus. A l'issue des travaux, 20 articles sélectionnés seront publiés dans des revues spécialisées. Intitulée «Le futur prometteur de la théorie du chaos pour la sécurité personnelle», l'intervention de René Lozi de l'université française de Nice touche un domaine récent de la cryptographie qui n'a commencé à être développé que depuis une trentaine d'années. On a d'abord démontré qu'on peut synchroniser deux systèmes chaotiques électroniques et cette synchronisation permet de retrouver un système brouillé. Pour situer les enjeux René Lozi est revenu sur les systèmes traditionnels de codage de textes, un procédé connu depuis l'antiquité. Il a ensuite évoqué l'avancée que fut l'usage du système Enigma qui a émergé durant la deuxième guerre mondiale et le rôle joué par le mathématicien polonais Marian Rejewski qui, juste avant la guerre, élaborait la première cryptanalyse qui sera développée durant le conflit par les Alliés, notamment les Britanniques. Le succès de ce procédé qui a contribué à vaincre la puissance allemande a ouvert les portes pour des recherches encore plus pointues, faisant intervenir les nouvelles connaissances mathématiques telles les propriétés chaotiques des équations différentielles ou les générateurs de nombres aléatoires dont «quelques uns en ont fait un business», souligne le conférencier. «René Lozi est un des spécialistes reconnus mondialement sur cette théorie du chaos», indique Safwan Al Assaad, chercheur à l'université de Nantes, qui devait intervenir juste après sur cette technologie émergente et les applications pour lesquelles elle ouvre les portes. Avec ses étudiants, celui-ci a déjà déposé plusieurs brevets. Mathématique, la théorie du chaos est injustement apparentée au concept d'«effet papillon» qui en donne cependant une idée, c'est-à-dire de très légers changements à la base aboutissent à des changements significatifs. «Actuellement, avec le professeur René Lozi, nous travaillons sur un aspect spécifique de la sécurité qui est la sécurité des données basées sur le chaos, une thématique émergente par rapport à la sécurité standard. Mon objectif est de démontrer qu'on peut appliquer cette théorie à la sécurité des données», explique en aparté Safwan El Assaad, précisant que la théorie du chaos, qui était utilisée pour étudier certains phénomènes tels que les turbulences atmosphériques, peut être appliquée dans le domaine de l'informatique.