Le terrorisme redouble de férocité en Kabylie, moins de deux mois après l'expiration du délai accordé aux terroristes pour se rendre dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Alors que l'opinion attendait un renforcement de la lutte anti-terroriste, avec une plus grande mobilisation, c'est le GSPC qui fait parler de lui en multipliant les attentas sanglants, d'abord à Boumerdès et ensuite à Tizi Ouzou. Deux attentats sont perpétrés par le GSPC en moins de 48h, dans deux localités distantes d'une dizaine de km seulement. Mardi soir, aux environs de 19h30, c'est une patrouille de police qui est prise pour cible en plein centre-ville de Boghni. Bilan : 1 mort et sept blessés, dont 5 civils. Deux jours après, presque à la même heure et à quelques kilomètres de Boghni, c'est le président de l'APW de Tizi Ouzou qui est ciblé, alors qu'il se trouvait avec des amis attablé dans un café du chef-lieu de la commune de Aïn Zaouia (50 km au sud de Tizi Ouzou), daïra de Draâ El Mizan. L'assassinat de Rabah Aïssat a jeté l'émoi et la consternation dans toute la wilaya. De nombreux observateurs et des citoyens s'interrogent sur les visées de ceux qui ont enlevé la vie à un homme humble, simple, militant du plus vieux parti d'opposition. En ciblant ce père de famille, qui a eu à gérer la commune de Aïn Zaouia entre 1997 et 2002, avant de devenir président de l'APW, sous la bannière du FFS, le GSPC veut frapper les esprits. Il ne se contente plus d'assassiner de jeunes militaires ou des policiers, mais il s'attaque à des symboles, à de simples citoyens. A travers Rabah Aïssat, c'est d'abord le FFS, un parti qui a toujours milité pour la paix et la démocratie, signataire du fameux contrat de Rome, qui est visé. M.Aïssat n'est pas un élu comme les autres, il est le deuxième homme de la wilaya, après le wali. C'est la première fois qu'un élu est ciblé directement, ces dernières années, à Tizi Ouzou. Il y a eu l'assassinat d'un député du FLN, en 2003, dans un faux barrage à Maâtkas, mais depuis ce jour, les attaques terroristes visaient principalement des policiers, des militaires ou des gardes communaux, en plus des attaques à main armée contre des établissement financiers ou des véhicules de transport de fonds. Le GSPC a-t-il changé de tactique et de cible ? Depuis qu'il a rallié El Qaîda, le groupe terroriste créé par Hassan Hattab, très présent en Kabylie et qui a ouvertement dit non à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, vient de démontrer une fois de plus qu'il est capable de frapper partout, sans distinction. En août dernier, des renforts de militaires ont été envoyés en Kabylie et malgré les atermoiements du pouvoir quant à la prolongation ou non de la Charte pour la paix, beaucoup pensaient que l'ANP allait donner le coup à une organisation terroriste des plus radicales, mais il n'en fut rien. Il y a eu quelques opérations de ratissage, des bombardements de quelques maquis réputés pour être des zones de repli des différentes katibats du GSPC, principalement dans cette région sud de la wilaya de Tizi Ouzou, mais les résultats sont maigres. Le GSPC continue à tuer, avec éclat et précision, n'épargnant plus personne. Hold-up, faux barrages, rackets, rapts, assassinats, la Kabylie aura connu toutes les formes de criminalité et d'actes terroristes. Jusqu'à quand ?