Le directeur de la DGF est revenu sur la situation du domaine forestier national, les préoccupations de son administration et les objectifs tracés pour l'avenir. Quel est l'état du patrimoine forestier national ? Je peux vous la résumer en trois éléments de constat : D'abord, nous avons un patrimoine forestier en situation de stagnation. Sa superficie n'a pas évolué ; ce qui nous perdons par le fait de dégradation due notamment aux feux de forêt et la destruction, nous le compensons par le reboisement. Ensuite, il faut dire que notre patrimoine se dégrade d'année en année. Ainsi, toutes nos tentatives en vue de préservation et de la protection de nos forêts ont montré leurs limites. Vous ne pensez pas que cette situation est le résultat d'absence de lois efficaces permettant la lutte contre la destruction de domaines forestiers, surtout que la loi 84-12, de l'avis des spécialistes, est obsolète ? Non ! Il faut analyser la chose en prenant en considération deux points importants : Il y a en premier lieu, les techniciens qui, pour justifier leur défaillance, se cherchent toujours des alibis et avancent l'idée d'une loi (84-12, ndlr) dépassée par le temps. Deuxièmement, il y a les gens appelés à développer nos forêts. Contrairement aux techniciens, ces derniers sont tenus par le devoir de réaliser des résultats sur le terrain. C'est à eux qu'incombe la tâche de développer le domaine forestier national. Pour revenir à la loi en question, je peux vous dire qu'elle donne toutes les prérogatives et les attributions à l'administration des forêts pour agir en tant que seul et unique responsable sur le patrimoine. Mais le problème maintenant se situe au niveau des moyens mis à la disposition de notre administration et qui sont insuffisants. Le patrimoine forestier a connu une dégradation durant la dernière décennie sans qu'il y ait une loi claire portant sur la protection des forêts... Le débat sur la loi dépasse mes prérogatives. Toutefois, je peux vous assurer que le texte actuel est encore valable et nous permet d'exercer notre mission. Cependant, la meilleur action à mener afin de préserver nos forêts est la prévention. Je crois que les services des forêts sont dotés de moyens insuffisants pour mener cette mission. L'administration des forêts ne peut pas, avec les moyens mis à sa disposition, d'encadrer les 6 700 000 ha. Il faut souligner aussi, le problème des constructions illicites. Il est vrai que la décennie 1990 était la période la plus noire de notre histoire et c'est grâce à la vigilance des gardes forestiers que nous avons évité la catastrophe. Vous avez parlé d'insuffisance en matière de moyens. pouvez-vous vous expliquer davantage ? Bien sûr. Auparavant les forestiers possédaient un réseau radio, des armes et les moyens de déplacement. Mais, durant la dernière décennie et en raison de la situation sécuritaire, tous ces moyens ont été supprimés. En dépit de cette situation, les forestiers ont assumé leur travail le plus normalement du monde. Pouvez-vous nous résumer la situation de nos forêts par les chiffres ? Cette année, nous avons organisé d'une manière efficace l'opération de la récolte du liège. Nous avons récolté plus de 95 000 quintaux. Nous avons apporté un plus en matière d'exploitation des forêts du liège. Cette année, la tâche a été confiée à des entreprises publiques. La deuxième opération menée et celle de lutte contre la chenille. L'opération a touchée 100 000 ha. Nous avons également entamé une action visant la réhabilitation des forêts du pays. Cette dernière avait un triple objectif : réhabiliter la forêt, renouer la relation de cohabitation entre le citoyen et la forêt et par conséquent protéger davantage notre patrimoine. Nous avons prévu la plantation de 45 000 ha en 2005. Comme le pays est en aisance financière, le secteur des forêts a bénéficié d'une enveloppe budgétaire de 36 milliards de dinars pour lancer un programme conséquent en 2006. Nous allons acheter environ 500 véhicules (des 4X4 équipés de citernes), rétablir le réseau radio. En outre, nous avons fixé pour objectif d'augmenter le patrimoine forestier à raison de 50 000 ha/an, le rétablissement des infrastructures forestières, en particulier les pistes, les maisons et les brigades forestières. Nous prévoyons aussi, la réhabilitation des forêts urbaines et pré-urbaines (environ 300 000 ha). Nous avons en tout, 25 000 km de pistes à entretenir, 27 000 ha de forêts, 450 maisons forestières et 350 postes-vigiles qu'on doit réhabiliter. Quelle est la superficie couverte par la forêt actuellement ? En 2004, nous l'avons estimée à 4100 000 ha et 2600 000 ha d'alfa. Ce qui fait un total de 6 700 000 ha qui sont gérés par la direction des forêts. En 2005, 27 000 ha ont été ravagés par le feu, dont 12 ha de forêt et le reste c'est du maquis. Mais nous avons constaté que 60 à 80% des forêts brûlées ont été récupérés. Nous pouvons dire que la superficie des forêts détruites complètement représente 2000 ha/an. Pour nous les forestiers, à chaque fois qu'un arbre brûle, nous sommes défaillants. Nous avons l'intention, dans le cadre du plan national du reboisement, de planter 1 million d'hectares sur 20 ans (50 ha/an). Pour le barrage vert, il devrait toucher 3 millions d'hectares. Sur ces 3 millions, il n'en a été réalisé que 300 000 ha, dont seulement 180 000 ha de forêt qui ont survécu, soit 2% de réussite. Aujourd'hui, nous continuons à boiser. Sur les 50 000 ha qu'on doit planter, une partie sera localisée sur la surface destinée à être le barrage vert. Mais l'opération barrage vert est arrêtée. Quelle solution préconisez-vous pour sauvegarder le patrimoine forestier national ? Ce qui m'intéresse est que le citoyen prenne en charge cette forêt. Il faut qu'il prenne conscience de l'importance de ce patrimoine national collectif. La meilleure solution pour cela, c'est la communication et la sensibilisation. Il faut un travail de proximité qui doit être effectué en permanence. Le recours à des moyens répressifs a montré son inefficacité. Pour cela, nous avons organisé des comités de riverains pour la sauvegarde de la forêt. 450 comités ont été installés.