La Fête du travail a été célébrée, à Béjaïa, dans la rue. Deux marches ont tranché avec le cachet folklorique accompagnant la célébration officielle. La Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA) a délocalisé sa marche prévue initialement à Oran vers Béjaïa où, bien que la mobilisation n'ait pas été au rendez-vous, une centaine de personnes ont marché de l'esplanade de la Maison de la culture vers le siège de la wilaya. L'action a pris son cachet «national» avec la présence de certains syndicalistes venus de plusieurs wilayas du pays. Les rangs des marcheurs de la CGATA (qui regroupe plusieurs syndicats autonomes) étaient essentiellement constitués d'adhérents du Snapap visibles aux banderoles qu'ils arboraient. Une banderole dénonçait la politique du préemploi, considérée comme synonyme «d'esclavage et d'exploitation», une autre assimilait l'acronyme de l'ANEM à «Agence nationale d'exploitation moderne» ; une encore informait d'«une campagne de sensibilisation et de solidarité pour la réintégration des femmes syndicalistes suspendues». «Le pouvoir a essayé de nous démobiliser. Cette journée n'est pas une fête, mais celle d'un mouvement de mobilisation», a déclaré Rachid Malaoui, président de la CGATA. «Nous avons décidé à la dernière minute de marcher à Béjaïa, wilaya mobilisatrice, au lieu d'Oran, pour qu'ils ne nous disent pas que nous sommes avec le Maroc», a ironisé M. Malaoui, qui annonce la réunion prochaine du conseil de wilaya pour décider d'une autre marche à Béjaïa afin de prendre une «revanche». La marche devait se dérouler à Oran, qui a été choisie cette année par les pouvoirs publics et l'UGTA pour les festivités officielles du 1er Mai sur fond de soutien à la cause sahraouie. «L'essentiel c'est que nous avons organisé une action le 1er Mai», a conclu Rachid Malaoui. «Nous sommes tous avec l'autodétermination des peuples, mais nous sommes surtout avec l'autodétermination des travailleurs. Et l'UGTA n'a rien à nous apprendre là-dessus» a déclaré, en substance, Kadour Chouicha, stigmatisant au passage le projet de code du travail soumis à l'approbation du Parlement. «Le projet de la honte», ajoute la représentante du comité des femmes du Snapap. Plus nombreux et sous la pluie, les militants et sympathisants du PST ont eux aussi investi la rue, perpétuant la tradition comme à chaque 1er Mai. La marche, bien organisée et avec une présence remarquée de femmes et d'enfants, qui a démarré depuis le théâtre de la ville pour finir sur l'esplanade de la Maison de la culture, était égayée de chants revendicatifs aux couleurs socialistes. «Capitalisme = terrorisme», «Pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes», «Halte à l'impérialisme», «Non à la marchandisation du savoir et du travail», «quand la loi est injuste, la désobéissance devient une norme»… toute la littérature de gauche était convoquée. «Il faut qu'il y ait plusieurs Boudouaou», a lancé Kamel Aïssat, porte-parole du PST Béjaïa, dans une allusion au mouvement des contractuels auxquels il rend hommage, en appelant de ses vœux l'union des forces vives pour peser sur la scène des revendications politiques et sociales. «Nous n'avons pas vraiment eu le soutien de la société civile et des syndicats», a regretté un représentant des enseignants contractuels, qui a dénoncé leur agression «à l'intérieur même de l'UGTA». «Le combat continue», promet-il.