En poste depuis 1995, le ministre saoudien du Pétrole vient d'être limogé par un décret royal. Le départ de Ali Al Nouaïmi serait dû aux effets néfastes de la chute des prix du pétrole sur les finances du royaume et les signes de mécontentement au sein de la population. La stratégie de défense des parts de marché imposées par l'Arabie Saoudite aux pays exportateurs au détriment des cours de l'or noir ne serait pas du goût de tous les protagonistes de la scène pétrolière saoudienne. Des voix s'élèvent ces derniers temps pour demander une révision de la stratégie mise en place depuis deux ans, en vue de favoriser une remontée des prix du pétrole qui a perdu plus de 60% de sa valeur, passant de 140 dollars à 45 dollars actuellement. Le départ de M. Nouaïmi, remplacé par Khaled Al Faleh, nommé ministre de l'Energie, de l'Industrie et des Ressources minières, aura-t-il un impact sur la politique poursuivie par l'Opep et sur l'approche saoudienne de la question des quotas et des prix du pétrole ? La question se pose au vu du poids qu'avait l'ex-ministre saoudien du Pétrole au sein de l'organisation. Il est à rappeler que l'effondrement des cours pétroliers a obligé les monarchies du Golfe, dont l'Arabie Saoudite, à prendre des mesures sans précédent portant sur la réduction des subventions sur les carburants et l'imposition de nouvelles taxes indirectes. Le royaume, qui prévoit un déficit de 87 milliards de dollars cette année après un déficit de 98 mds en 2015, a gelé d'importants projets économiques. Dans ce pays, où les quelque 21 millions de citoyens étaient habitués à l'Etat-providence, la réduction des subventions sur l'eau et l'électricité a suscité des remous et conduit au limogeage du ministre en charge de ces deux secteurs. «Les subventions doivent bénéficier à la classe moyenne et aux moins nantis» alors que «70% de ces subventions vont aux riches», a expliqué il y a quelques semaines le vice-prince héritier Mohammed Ben Salmane, dénonçant au passage «la corruption» dans le royaume. L'Arabie Saoudite a annoncé son intention de vendre en Bourse moins de 5% du géant pétrolier Aramco et de se doter d'un fonds souverain de 2000 milliards de dollars, le plus grand du monde, dans le cadre d'un vaste plan de transformation de son économie. Mohammed Ben Salmane a présenté «une feuille de route» pour le développement du royaume durant les 15 prochaines années, destiné à diversifier l'économie saoudienne qui dépend à plus de 70% du pétrole au moment où les prix du brut sont en chute libre depuis environ deux ans.