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«Les valeurs républicaines contredites par le fait colonial»
Gilles Manceron. Historien
Publié dans El Watan le 10 - 05 - 2016

Lorsque Jean Jaurès tient des propos critiques sur la colonisation à l'Assemblée nationale, un groupe parlementaire lui était-il alors acquis ?
Les socialistes, comme les Républicains, au début de la Troisième République, sont divisés. Certains sont acquis à cet anticolonialisme. J'ai publié d'ailleurs les débats parlementaires de 1885 entre Jules Ferry et Georges Clemenceau, lequel sera par la suite quelqu'un de très nationaliste durant la guerre de 1914 et très répressif sur les questions sociales lorsqu'il deviendra ministre de l'Intérieur. Mais à ce moment-là, il est dans le camp social et anticolonialiste. Il y a aussi Vaillant, un communard, Jaurès, bien sûr, et d'autres, mais ils n'arrivent pas à faire valoir leur conviction.
Aucun projet de loi ne pouvait être déposé car vite bloqué par son groupe parlementaire, le qualifiant d'utopique. Il n'y aura pas plus d'écho pour le Maroc lorsque des socialistes veulent ce qu'ils appellent «une colonisation de progrès», Jaurès n'arrive pas à s'y opposer.

D'autant qu'à droite les critiques vis-à-vis de Jaurès enflent sur la colonisation, mais aussi et surtout sur la guerre que
Jaurès voulait empêcher. L'histoire n'était-elle pas mûre pour Jaurès ?
L'époque était celle de l'expansion économique dans tous les domaines de la culture et de la pensée et en même temps de l'Europe : scientifique, universitaire, culturelle. L'Europe était toute puissante et certains se sont servis de ce décalage avec le reste du monde comme il s'en produit dans l'histoire.
En 1900 en Europe, ce qui prédomine, c'est l'idée coloniale. Il y a des lobbies qui s'enrichissent, qui obtiennent des possibilités de développement grâce à des discours trompeurs. Ils se masquent derrière le progrès et les droits de l'homme, alors qu'ils pillent et exploitent les indigènes coloniaux. C'est ce qui est repris par la République française, même si les valeurs républicaines «Liberté, Egalité, Fraternité» étaient contredites par le fait colonial.
S'il n'y avait pas eu la guerre, si Jaurès n'avait pas été abattu, quelle aurait été sa trajectoire ?
C'est un service difficile. La grande question plus que la colonisation à l'époque c'est celle de la menace de guerre. C'est ce qui occupe les esprits. Jaurès était par exemple opposé à l'emploi des troupes coloniales dans la guerre. Evidemment, cela a été balayé et on a fait appel aux tirailleurs algériens et sénégalais. Jaurès avait un peu, malgré ses efforts, perdu la partie face au courant dominant belliciste et colonial, et pour l'Europe un courant nationaliste conquérant.
Jaurès disait que l'idée nationale en Europe n'est plus opérante pour le XXe siècle, mais qu'en revanche cela sera la grande idée des pays colonisés. Je pense qu'il était un visionnaire, mais nul ne sait s'il aurait pu changer quelque chose s'il avait vécu plus longtemps. Il n'aurait sûrement pas pu influer sur la guerre qui s'annonçait, ni sur la déferlante coloniale qui était une réalité de toute l'Europe.


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