L'affaire CRB Aïn Fekroun – AS Khroub (Ligue 2) va-t-elle sortir la Commission d'éthique de la Fédération algérienne de football (FAF) de sa léthargie ? Il faut l'espérer, à condition que ses membres daignent bien prendre en charge ce dossier et faire toute la lumière sur les tenants et aboutissants de ce nouveau scandale qui éclabousse le football algérien. Pour l'instant, rien n'indique que la commission d'éthique va se saisir du dossier comme le stipulent son statut et ses missions. Pour rappel, la Commission d'éthique de la FAF a été installée dans la discrétion et en cercle restreint. Elle ne figure dans aucun document publié de la fédération (bulletin officiel, site officiel). Sa composante est connue seulement par des initiés qui ont participé à sa naissance loin des regards. Elle s'est réunie une seule fois, au mois d'avril dernier, pour faire le procès du président de la Ligue interrégions (LIRF), Mohamed Boukaroum, auditionné pour répondre de quelques chefs d'accusation moins graves que ceux portés à sa connaissance et qui somnolent dans les tiroirs. Sur le plan du droit, la commission d'éthique de la fédération est nulle et non avenue. Les dés ont été pipés à l'avance. Une commission d'éthique digne de ce nom doit être expressément indépendante dans sa composition et son fonctionnement. Est-ce le cas de l'actuelle commission d'éthique mise en place par la FAF ? Pas du tout. Pour s'en convaincre, il suffit de parcourir la chétive liste des membres qui la composent et surtout leur qualité. Sur les cinq (5) membres qui siègent dans la commission, trois (3) sont membres du Bureau fédéral, à savoir Ali Attoui (président), Chaâbane Abdelkader (membre) et Djahid Zefzef (membre). Il y a aussi le secrétaire général de la FAF, Nadir Bouznad, et Hamid Haddadj, président de la Commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP). Tous ont une casquette officielle au sein d'un organe (Bureau fédéral) ou Commission. Ils sont donc juge et partie, c'est-à-dire «H'mida Laâb et H'mida racham». Donc, c'est un organe qui ne répond à aucun canon en la matière. Un bourreau peut-il juger sa victime ? La FIFA a pris un soin particulier à mettre en place cet organe important qu'est la commission d'éthique et lui a donné le nom de commission d'éthique indépendante de la FIFA. Aucun de ses 15 membres ne fait partie du comité exécutif (Comex) ou de tout autre organe de l'exécutif. Ses membres sont des personnalités indépendantes choisies dans le giron des juristes. Dans l'énoncé de ses missions, il est précisé : «L'indépendance de l'organe est un élément essentiel d'une bonne gouvernance». La FAF a superbement ignoré le sacro-saint principe de l'indépendance de cet organe qui devait être constitué de personnalités indépendantes sans aucun fil à la patte et jouissant d'une formation de juriste. Pour toutes ces raisons, et bien d'autres, la commission d'éthique de la FAF dans sa composante actuelle ne peut jouir d'aucun pouvoir. Elle a été actionnée juste pour écarter Mohamed Boukaroum de la course à sa réélection à la tête de la Ligue interrégions (LIRF). Elle serait bien inspirée d'ouvrir le dossier de la fuite organisée des questions du test écrit de passage de grade d'arbitre fédéral, orchestrée par des membres de la Commission fédérale des arbitres (CFA) au profit d'un arbitre parent d'un membre de la CFA qui sera arbitre international l'année prochaine. Que dire de son absence de réaction au sujet du scandale de la Ligue de Chlef dénoncée par Abdallah Hamouni, mais classée sans suite par la fédération. Ces hommes sont-ils protégés au point où la commission d'éthique est contrainte de fermer les yeux sur des scandales qui n'ont pas de nom ? A moins que…