Abdelaziz Bouteflika a décidé de se constituer partie civile et d'attaquer devant les tribunaux le directeur du journal Le Monde, Louis Dreyfus, et sa société éditrice, révèle l'hebdomadaire Jeune Afrique. Cette décision fait suite à la publication, le 5 avril, de la photo du président Bouteflika en compagnie de quatre autres dirigeants pour illustrer une enquête sur «l'argent caché des chefs d'Etat», après la publication des Panama Papers, alors que le nom du président Bouteflika ne figurait pas dans les documents révélés. Dans la plainte déposée auprès du tribunal, les avocats du Président estiment qu'il «est directement imputé au requérant d'être détenteur de comptes personnels au Panama, au travers de sociétés-écrans, qualifiés par le journal lui-même d'argent caché, c'est-à-dire nécessairement constitutifs de fraude fiscale». En conséquence ce dernier réclame, au titre de l'action publique, une condamnation du directeur du Monde à un euro symbolique pour diffamation, ainsi qu'une publication judiciaire en première page du journal. Le requérant demande également au tribunal de condamner le prévenu et la société éditrice à verser 10 000 euros au président Bouteflika au titre de l'action civile. La publication par le quotidien Le Monde de la photo du Président avait irrité au plus haut sommet de l'Etat et provoqué un début de tensions entre les deux capitales. Les Algériens avaient décidé de convoquer l'ambassadeur de France à Alger pour protester énergiquement «suite à la campagne de presse hostile à l'Algérie et à ses institutions menée en France dans différents médias et à travers d'autres activités publiques », avait expliqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Nous avons décidé de ne plus rien laisser passer», avait affirmé au site en ligne TSA une source gouvernementale. Par ailleurs, les autorités algériennes avaient décidé de sévir et de refuser de délivrer un visa au journaliste du Monde accrédité pour couvrir la visite officielle de M. Valls à Alger. La direction du Monde avait protesté contre «cette entrave à la liberté de la presse». A la suite de cette décision, de nombreuses rédactions françaises ont à leur tour choisi de boycotter la couverture de la visite du Premier ministre, Manuel Valls, qui avait exprimé ses «profonds regrets» et promis d'aborder le sujet lors de sa visite avec son homologue algérien. Du côté algérien, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a justifié cette décision en estimant que Le Monde avait «porté atteinte au prestige et à l'honneur du président algérien Abdelaziz Bouteflika de manière gratuite». Et d'ajouter : «Aucun Algérien n'acceptera de voir ainsi vilipendé son Président et il était du devoir du gouvernement algérien de préserver une valeur.»