Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a décidé d'attaquer en justice le journal français Le Monde' après avoir illustré de sa photo, un article sur les Panama papers'. L'information a été révélée par le magazine Jeune Afrique' qui avait annoncé, en avril dernier, l'intention des autorités algériennes de déposer plainte contre la publication française. La citation directe de la date du 14 avril dernier, soit neuf jours après la « Une » du Monde, illustrant un papier sur le scandale des sociétés offshore domiciliées au Panama' où le nom du ministre de l'Industrie et des Mines, Bouchouareb, a été cité. Les avocats du président, au nombre de deux, auraient, selon la même source, réclamé au titre de l'action publique, la publication du jugement en « Une » du journal plus une indemnisation de 10.000 euros, pour le préjudice moral porté à l'image du chef de l'Etat. La défense du chef de l'Etat aurait, également, réclamé une condamnation du directeur du Monde', Louis Dryfus, à un euro symbolique pour diffamation, en plus de la publication de la décision de justice, en première page du journal. Le procès se déroulera le 3 juin prochain, au Tribunal correctionnel de Paris. On se rappelle que cette « Une » a failli provoquer une brouille diplomatique entre Alger et Paris avec la convocation de l'ambassadeur français par le ministère algérien des Affaires étrangères. Le quotidien français se retrouve, ainsi, devant la justice, malgré ses précisions, suite à la protestation d'Alger auprès du Quai d'Orsay. «Contrairement à ce que la photo en «Une» du Monde, du 5 avril, a pu laisser croire, le nom du Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, n'apparaît pas dans les «Panama papers», pouvait-on lire. Le journaliste du Monde s'est même vu refuser le visa d'entrée en Algérie pour accompagner le Premier ministre français Manuel Valls, à Alger, lors de sa visite du 11 avril. Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal avait indiqué, à son homologue français, que «Le Monde avait porté atteinte au prestige et à l'honneur du chef de l'Etat, de manière gratuite». Cette ouverture du journal français a eu des conséquences sur les relations, entre les deux pays, puisque même des contrats commerciaux prêts à la signature auraient été ajournés, à cause de cette affaire, à l'exemple de l'usine Peugeot. Il y aura ensuite, comme un jeu de dominos, le tweet de Valls ou encore le séjour médical de Bouteflika, en Suisse, aux lieu et place de la très traditionnelle France. Reste à savoir quel sera le sort de la plainte de Bouteflika, sachant que le délit d'offense à chef d'Etat étranger a été supprimé en France, par l'article 52 de la loi Perben II, du 9 mars 2004. Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'un président attaque un média étranger et le dernier en date est le Turc Recep Tayyip Erdogan qui a intenté une action en justice contre le présentateur d'une télévision allemande qui avait lu le 1er avril sur la Chaîne publique allemande ZDF, un poème satirique accusant le président turc de représailles contre les Kurdes et les chrétiens, ainsi que de chercher à fermer les journaux d'opposition. Jan Böhmermann traitait, notamment, le numéro un turc de «pervers, pouilleux et zoophile».