Avec des prélèvements qui culminent à plus de 665 milliards de dinars sur les deux premiers mois de l'année, le solde du Fonds de régulation des recettes (FRR) serait de seulement 856 milliards de dinars à fin février 2016, selon des calculs. A l'allure où vont les choses, son reliquat serait de zéro dinar à la mi-juin. L'érosion des ressources du FRR ainsi que le creusement du déficit budgétaire reflètent parfaitement l'impact du choc externe sur les finances publiques. Durant les deux premiers mois de l'année en cours, la tendance s'est accentuée dans un contexte de faiblesse des recettes de la fiscalité pétrolière. Contrairement aux prévisions de la loi de finances 2016 qui tablait sur un solde de 1800 milliards de dinars à la fin de l'exercice, il semblerait que les disponibilités du FRR s'amenuisent trop rapidement et pourraient s'évaporer à la mi-juin, selon certains analystes. Quoi qu'il en soit, le niveau des prélèvements aux deux premiers mois de l'année a été considérable, tant il était question d'accompagner une dépense publique qui évolue à toute allure. Durant les deux mois de janvier et de février, les dépenses publiques ont fortement grimpé, se hissant à plus de 2000 milliards de dinars contre 1222,6 milliards de dinars sur la même période 2015, soit une hausse de 66,85%. Le niveau des dépenses des deux premiers mois de l'année correspond à un quart de toutes les dépenses annuelles (7 984,1 milliards de dinars) prévues par la loi de finances 2016. Résultat évident : le déficit du Trésor s'est fortement creusé, entraînant de facto l'érosion des ressources du FRR. Cette caisse servait depuis quelques années déjà à couvrir les trous budgétaires du Trésor, trop fortement sollicité sous l'effet d'une dépense publique qui évoluait en roue libre. Créé au début des années 2000 pour prémunir le pays contre les chocs externe, le FRR est le premier à subir le choc. Ses ressources se chiffraient à près de 8000 milliards de dinars en 2012, à 7600 milliards de dinars en 2013, à 4400 milliards de dinars en 2014 et à environ 3000 milliards de dinars à fin 2015. Sur les trois dernières années, le FRR a perdu environ 5000 milliards de dinars de ses ressources, soit près de 50 milliards de dollars. En moins de 30 mois, ont été dépensées des économies de toute une décennie. C'est une conduite pour le moins absurde et irrationnelle. Sur l'année 2015, les prélèvements sur le FRR ont atteint 2 886,5 milliards de dinars, soit près de la moitié des dépenses budgétaires globales du même exercice. Avec un reliquat de moins de 1000 milliards de dinars à fin février dernier, l'avenir du fonds est désormais incertain. Conséquence de la folie dépensière de ces dernières années, le FRR ne passera probablement pas l'été. D'où l'empressement du gouvernement à quêter de nouveaux moyens de financement du déficit aux travers, entre autres, l'emprunt obligataire national lancé le 17 avril dernier. Avec un FRR épuisé et un cours du pétrole à moins de 50 dollars le baril, l'impasse budgétaire est inévitable.