Le ministre des Finances, cité par l'APS, a expliqué que cette hausse du déficit avait été engendrée par le parachèvement de l'exécution des investissements relevant des programmes de 2014 et de 2015. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a tenté, hier, lors d'une conférence de presse, de dédramatiser le niveau alarmant du déficit du Trésor qui s'est creusé durant les deux premiers mois de l'année 2016. Pour rappel, le déficit du Trésor a atteint près de 1 404 milliards de dinars à fin février 2016, contre près de 413 milliards de dinars à fin février 2015, soit une hausse de près de 240%. Le ministre des Finances, cité par l'APS, a expliqué que cette hausse du déficit a été engendrée par le parachèvement de l'exécution des investissements relevant des programmes de 2014 et de 2015. "Nous avons décidé de parachever l'exécution de tous les reliquats d'investissement des anciens programmes avant la fin mars 2016. Tous les projets qui accusaient des retards de paiement ont été réglés. C'est cela qui a donné ce niveau de dépenses durant les deux premiers mois de l'année", a indiqué M. Benkhalfa. Les dépenses budgétaires ont augmenté en passant à près de 2 040 milliards de dinars sur les 2 premiers mois 2016, contre 1 222,6 milliards de dinars sur la même période 2015, soit une hausse de 66,85%. Les dépenses de fonctionnement ont crû à 1 256,5 milliards de dinars contre 937,64 milliards de dinars (+34%), alors que celles d'équipement sont montées à 783,5 milliards de dinars contre 284,96 milliards de dinars (+175%). "Nous ne pouvions pas arrêter la machine de manière brutale. Mais d'ici à trois ou quatre mois, nous arriverons à un rythme de dépenses qui correspond à nos recettes. C'est dans cette perspective que nous avons gelé un certain nombre de projets nouveaux pour donner la priorité aux programmes en cours", a argué, pour sa part, le ministre délégué chargé du Budget et de la Prospective, Hadji Baba Ammi. Se voulant rassurant, M. Benkhalfa a précisé que la couverture de ces dépenses d'équipement était essentiellement assurée non seulement par le Fonds de régulation des recettes (FRR), mais aussi par les crédits bancaires à l'économie, dont le stock s'élève actuellement à plus de 7 500 milliards de dinars, ainsi que par les valeurs d'Etat (obligations assimilées du Trésor et les bons assimilés du Trésor). Sur les deux premiers mois de 2016, les prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes (FRR) se sont établis à 665,67 milliards de dinars. Selon certaines sources, le reliquat du FRR à fin février 2016, s'établit à quelque 856 milliards de dinars, ce qui équivaut, en se basant sur le rythme des deux premiers mois, à un épuisement des ressources du fonds avant la fin du mois de juin 2016. Mais le ministre des Finances compte aussi sur l'épargne bancaire. M. Benkhalfa a indiqué que l'épargne bancaire (hors dépôts de Sonatrach) s'élevait actuellement à plus de 5 000 milliards de dinars. M. Benkhalfa a souligné que les banques et le Trésor public "recèlent un grand potentiel de financements" qui inciteront l'Etat à aller davantage vers les projets d'investissement. "Après que le pays eut construit, depuis l'année 2000, une base solide d'infrastructures, il s'orientera maintenant, et de plus en plus, vers l'investissement économique", a-t-il indiqué, relevant que les projets économiques programmés par différents départements ministériels se comptaient par dizaines. À fin septembre 2015, la liquidité globale des banques s'établit à 1 828 milliards de dinars (2 104,96 milliards de dinars à fin juin 2015), contre 2 730,88 milliards de dinars à fin décembre 2014. Ainsi, après une forte contraction au premier semestre 2015 (- 625,92 milliards de dinars), la liquidité bancaire s'est davantage détériorée au cours des neuf premiers mois de 2015. La forte baisse des dépôts du secteur des hydrocarbures en est la principale cause, en contexte de persistance du choc externe. Par ailleurs, l'emprunt obligataire risque d'assécher les liquidités bancaires et, donc, d'accroître les difficultés pour les entreprises à contracter des crédits. Questionné sur l'endettement extérieur, M. Baba Ammi a soutenu qu'il s'agissait d'une autre option de financement des projets d'équipement. "L'endettement extérieur n'est pas une tare, sauf s'il n'est pas bien maîtrisé", a-t-il estimé. "Si nous recourons à cette option, nous maintiendrons une dette soutenable qui sera destinée uniquement à financer l'investissement", a précisé M. Baba Ammi, rappelant que la dette publique du pays représente 8,5% du PIB et que la dette extérieure correspond à 0,3% du PIB, seulement. Meziane Rabhi