Des dépôts d'ordures ménagères quotidiennement fréquentés par des mères et pères de famille à la recherche du petit quelque chose pour survivre, des cadres et des techniciens hier travailleurs à Sider aujourd'hui sans ressource et contraints à faire la manche auprès d'amis et proches parents, des sociétés privées qui ferment l'une après l'autre, un filet social saturé et ses bénéficiaires sans salaire depuis des mois, des commerçants criant à la baisse de la consommation ménagère, le marché de la friperie de plus en plus envahi par les familles pour l'acquisition d'effets vestimentaires nécessaires à la fête de l'Aïd pour leur progéniture, la hausse des vols à la tire et à la roulotte, ont été les caractéristiques relevées à Annaba durant la première quinzaine de Ramadhan. Dans ses statistiques, la direction des affaires sociales de la wilaya indique que 20% de la population de la commune de Annaba qui compte plus de 350 00 habitants, vit sous le seuil de la pauvreté. Officiellement, elles ne sont que 37 123 familles à être inscrites dans le registre des demandeurs d'assistance. Toutes ces familles n'ont aucun revenu. D'autres, en majorité des familles nombreuses, arrivent à peine à atteindre mensuellement les 3000 DA. Les chiffres avancés sont le résultat d'une enquête sociale effectuée par les services de la DAS. C'est dire que l'aide fournie par cette institution par le couffin du Ramadhan est véritablement dérisoire. La situation s'est aggravée avec la défection des traditionnels bienfaiteurs et donateurs. La crise économique et la fermeture des sociétés privées sont passées par là. Du côté du Croissant-Rouge algérien, l'on ne désespère toujours pas de voir arriver les bienfaiteurs avec des camions chargés de denrées alimentaires. Devant cette structure de bienfaisance, se bousculent quotidiennement des femmes, des enfants et des hommes. Tous attendent la distribution du ftour composé de chorba, un plat de résistance, salade et des fruits. Contrairement aux précédentes années, les stocks ne sont pas bien fournis. Des jeunes filles et garçons bénévoles du CRA arpentent régulièrement les couloirs des entreprises publiques et privées à la recherche d'une aide financière ou matérielle. A Mittal Steel, le syndicat que préside Aïssa Menadi a battu le rappel des travailleurs et de l'employeur pour aider les pauvres et démunis. Dans cette société indienne, plusieurs millions de dinars ont été dégagés pour l'acquisition des denrées alimentaires. Elles ont été distribuées à ceux dans le besoin non seulement à Annaba, mais aussi dans d'autres régions telles Tébessa, Souk Ahras, Guelma et El Tarf. « Nous n'avons pas besoin de médiatiser pareille opération. Elle fait partie des traditions des Algériens qui, à chaque fois que leur bon cœur est sollicité, répondent favorablement », avoue Aïssa Menadi. Sept restaurants Meidat El Hillal ouvrent quotidiennement leurs portes pour restaurer les jeûneurs de passage ou les SDF. D'autres bienfaiteurs proposent quotidiennement la même restauration à quiconque sollicite leur aide. Et si les communes ont engagé pas moins de 29 millions de dinars dont 19 par la seule commune chef-lieu de wilaya, le ministère de la Solidarité a investi 1,70 million de dinars pour la distribution dans les communes les plus démunies de quelque 5000 couffins. Pour mieux maîtriser cette opération, la DAS Annaba a créé un fichier destiné à l'identification des familles véritablement dans le besoin et leur suivi régulier.