Intervenant dans un contexte de contraction drastique des ressources de l'Etat, le premier Forum algéro-européen de l'énergie, qui s'est tenu hier à Alger, visait surtout à capter de potentiels investisseurs pour le secteur énergétique, si l'on s'en tient aux déclarations officielles. Tout en mettant en avant le potentiel dont dispose l'Algérie dans différentes filières du secteur des hydrocarbures, le ministre de l'Energie, Salah Khebri, a ainsi lancé un appel clair en direction des investisseurs algériens et européens afin de tirer profit de ce premier forum pour nouer des contrats de partenariat stratégique. Pour nombre d'investisseurs européens interrogés, la conjoncture pétrolière et gazière actuelle serait cependant peu propice aux investissements et à la prise de risque, le marché mondial évoluant depuis près de deux ans dans un climat de forte incertitude. «Aussi bien les pays consommateurs que ceux producteurs sont appelés aujourd'hui à être flexibles dans le domaine énergétique», nous explique en ce sens le directeur général de Total Exploration & Production Algérie, Vincent Dutel, estimant que désormais «rien n'est sûr» en la conjoncture actuelle. Du côté algérien comme du côté de l'Union européenne (UE), ajoute-t-il, «les challenges restent nombreux et il convient avant tout d'agir sur ce que l'on peut contrôler en œuvrant surtout à la rationalisation des coûts à l'investissement». Dans cet ordre d'idées, enchaîne l'orateur, «l'Europe cherche avant tout à diversifier ses sources d'approvisionnement et l'Algérie dispose de réserves et d'infrastructures importantes qui la hissent au rang de partenaire privilégié, même si l'effort d'amélioration de la réglementation doit encore se poursuivre». Pour le dirigeant de Total E&P Algérie, il faut surtout ne plus perdre de vue qu'il s'agit d'opérer des investissements à long terme, ce pourquoi «il faut regarder loin et faire en sorte de garantir une meilleure profitabilité aux investisseurs». Abondant dans le même sens, le directeur général de la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie, Marko Ackermann, a estimé que le contexte actuel n'est effectivement pas très propice à l'investissement dans le domaine de l'exploration vu que les conditions de rémunération sont aujourd'hui peu favorables». Néanmoins, soutient-il, «l'UE comme l'Algérie ont tout intérêt à développer le partenariat dans les domaines énergétiques, même si certaines améliorations restent encore à apporter au cadre réglementaire, notamment à travers l'assouplissement de la règle des 51/49% qui peut constituer un obstacle pour certains investisseurs». Quoi qu'il en soit, relève en définitive l'ancien ministre et expert en énergie, Abdelmadjid Attar, «les Européens ont beau parler de transition énergétique, ils ont quand même grand besoin du gaz algérien pour opérer justement cette transition et pour diversifier les sources de leurs approvisionnements, surtout par rapport à la Russie». Et de souligner qu'au vu de ce premier Forum sur l'énergie, «les Européens ne proposent rien de bien concret pour l'Algérie et semblent plutôt se focaliser sur les conditions de contrat et d'investissement, ainsi que sur le domaine des énergies renouvelables».