Signe d'apaisement ? C'est dans un contexte médiatique tendu que la présidence de la République vient de nommer les membres de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (AREV). Au désordre entretenu dans le secteur, s'ajoute la campagne menée par le ministre de la Communication, Hamid Grine, contre le groupe El Khabar à la suite de la cession de certains actionnaires du journal au profit de NessProd. Cette dernière perçue par l'opinion publique comme une atteinte à la liberté de la presse a provoqué une véritable crise politique dans le pays. Le ministre de la Communication étant incapable de débloquer la situation, la Présidence a désigné l'Autorité de régulation de l'audiovisuel composée de personnalités indépendantes connues pour leur probité intellectuelle et morale. La présidence de cette instance est confiée à l'ancien directeur d'Algérie actualité puis directeur général de l'ENRS, Zouaoui Benhamadi. Celui qui fut l'éphémère directeur de la communication de Bouteflika, après son retour au pouvoir, est connu pour être un homme «d'ouverture et de dialogue». Sa nomination n'est pas une surprise. Son nom avait longtemps circulé. Il était même pressenti à un moment pour succéder à Hamid Grine. La – bonne – surprise ce sont les autres membres issus pour la plupart du milieu intellectuel, mais aussi du secteur de l'audiovisuel. Il s'agit de Aïcha Kassoul, figure universitaire connue pour ses positions intellectuelles modernes. Après une longue carrière à l'université d'Alger, elle fait un court passage dans le secteur de la diplomatie, où elle a occupé le poste de consul à Besançon. Est nommé également membre de l'AREV, l'historien et sociologue Abdelmadji Merdaci de l'université de Constantine, lui aussi se distingue par sa fougue de chercheur critique. On retrouve dans cette instance un autre universitaire au long cours, Zoheir Ihadadhène. Ancien militant indépendantiste, il fait partie des universitaires qui formèrent les premières générations de journalistes algériens. Il est l'historien et la mémoire de la presse nationale. A ces noms vont se frotter des professionnels de l'audiovisuel pleins d'expériences chacun dans son domaine. Abdelmalek Houyou actuel directeur de TDA (télédiffusion d'Algérie) qui occupera le poste de secrétaire général de l'AREV. Est aussi désigné, l'ancien directeur de l'information de l'ENTV — le cadet de l'équipe — Bachir Cheriet. Le réalisateur Boualem Aissaoui fait partie également de ce comité de surveillance du secteur de l'audiovisuel national complètement éclaté. C'est donc une équipe qui va au charbon. Au regard de sa composante, il est difficile d'imaginer que l'autorité cédera facilement aux injonctions politiques. D'évidence, le premier test de la nouvelle Autorité de régulation de l'audiovisuel – qui sera officiellement installée lundi – sera l'affaire El Khabar qui subit les foudres du ministre de la Communication. Cela étant dit, sa tâche sera compliquée, tant le champ audiovisuel offshore baigne dans une anarchie chronique et sournoisement entretenue par le pouvoir politique.