- Après trois reports successifs, où en est-on avec l'affaire El Khabar-Grine ? C'est le ministre de la Communication, Hamid Grine, qui a choisi d'enrôler l'affaire en référé et c'est lui qui demande son report à chaque reprise. Il tente actuellement d'introduire en justice les actionnaires du groupe et NessProd, la boîte qui a racheté certaines parts de la SPA El Khabar, alors qu'il devait le faire depuis le début. Le juge devrait refuser ce complément d'information car il est illégal. Vous ne pouvez déposer une plainte contre une personne et nous dire, une semaine plus tard, que vous vous êtes trompé de cible. Cette affaire devrait être close. Maintenant, s'il veut traîner en justice NessProd et les actionnaires, il n'a qu'à aller enregistrer une nouvelle plainte qui attendra l'aval du président du tribunal. Il y a malheureusement incompétence du juge dans ce cas. Au début, il avait convoqué le président du conseil d'administration du groupe alors qu'il n'avait rien à avoir, car il avait tout simplement décidé de vendre ses actions mais pas celles des autres. Un actionnaire, en application de l'article 43 de la Constitution qui encourage, entre autres, la liberté de commerce, a tout à fait le droit de vendre ses actions. Est-ce qu'un particulier qui veut vendre son appartement doit informer le ministre de l'Habitat ? On nous a convoqués pour une transaction en règle et cela est anticonstitutionnel. - Comment voyez-vous la suite de cette affaire ? Normalement, il ne devrait pas y avoir de suite. Le juge devrait déclarer l'irrecevabilité de l'affaire ou l'incompétence de la cour administrative. Quant à la transaction, je répète encore une fois, elle a été faite dans les règles de l'art. L'article 25 évoqué ne s'applique même pas à NessProd qui est une personne morale et qui détient une seule publication. De plus, NessProd n'a acheté que des parts d'une société par actions (SPA). El Khabar n'a pas cédé la majorité des parts du journal. Nous avons cédé des parts de toute la SPA El Khabar, y compris pour les imprimeries et les boîtes de diffusion. C'est un procès bizarre car il n'y aucun article de loi qui s'applique à cette affaire. - Echanges d'insultes et propos diffamatoires, la corporation a rarement connu des conflits d'une telle violence. Un commentaire… Ceux qui insultent et diffament sont ceux qui sont soumis aux ordres de Hamid Grine. C'est lui qui les instruit. Dans El Moudjahid, c'est Hamid Grine qui signe, sous pseudo, les papiers qui attaquent Liberté et les autres. Les journalistes d'El Moudjahid refusent d'écrire ce genre de papier. Quant à Ennahar TV, elle a toute la passivité de l'Etat de son côté. Nous ne pouvons insulter quelqu'un avec qui nous sommes en désaccord, la raison pour laquelle nous refusons de répondre aux insultes et aux compagnes de diffamation. Nous refusons de leur ressembler. Notre problème est avec le ministre et pas avec la presse. C'est Grine qui appelle les journaux pour leur dire : «Pourquoi vous n'écrivez pas contre El Khabar et El Watan ?» ou «Pourquoi vous ne soutenez pas votre ministre ?» Il y a deux ans, le directeur général de l'ANEP appelait lui aussi les directeurs de journaux et leur demandait d'écrire des articles de soutien à Grine. C'est un chantage incroyable. C'est grave quand on utilise les moyens de l'Etat pour descendre un journal. Mais finalement, sans le vouloir, Hamid Grine nous a fait de la publicité. Nous avons découvert combien notre journal est très ancré dans la société algérienne. Et c'est grâce à cette épreuve. Même si nous faisons l'objet d'attaques, nous respectons toutes les lignes éditoriales. Nous concernant, ce sont nos lecteurs qui nous jugent. L'Algérie profonde a soutenu El Khabar. Ça c'est notre force. C'est notre capital.