Se connaître, se comprendre, pour enfin coopérer », ainsi a résumé le président du Haut conseil islamique (HCI), cheikh Bouamrane, la recette de l'entente entre islam et christianisme lors de la rencontre « Comment redynamiser le dialogue inter-religieux » organisée avant-hier soir au Sheraton à l'ouest d'Alger par la Fondation allemande Konrad Adenauer et la Société de communication Comet Info. Aux yeux de M. Bouamrane, il s'agit d'abord de lutter contre les ignorances des deux bords. « Si le pape avait consulté des experts catholiques de l'Islam, on aurait évité cette difficulté », a-t-il dit, en référence aux propos controversés de Benoît XVI à Ratisbonne (Allemagne). « Evitons les stériles polémiques dogmatiques, a insisté le président du HCI, nous devons coopérer dans ce qui nous unit : lutter contre le sous-développement, l'ignorance et l'injustice. » L'archevêque d'Alger, monseigneur Henri Teissier, a, pour sa part, souligné que l'hostilité d'apparence inter-religieuse était d'abord d'ordre politique, en citant le problème palestinien et en indiquant qu'il ne fallait pas confondre « Occident » et « christianisme ». « Il y a plus de catholiques en Amérique latine et dans les pays du Sud qu'en Occident », a-t-il ajouté. Allant dans le même sens de la coopération et de la connaissance mutuelle prônées par M. Bouamrane, il a avancé l'exemple du prix Nobel de la paix, le Bangladais Muhammad Yunus : « Les chrétiens doivent connaître l'action de ce musulman dans le domaine de l'aide aux plus pauvres. » Mgr. Teissier a également insisté sur le « partage de l'expérience spirituelle entre croyants ». Même constat chez le révérend Derek Johnson, représentant de l'Eglise protestante en Algérie, installé dans le pays depuis 40 ans, qui a préféré avancer l'exemple relaté par une des fidèles protestantes, qui organise des groupes de réflexion et de prière entre musulmans et protestants. « Tout dialogue est infructueux s'il n'est pas basé sur des expériences », a appuyé le révérend Johnson. Le nonce apostolique (ambassadeur du Vatican) à Alger, de son côté, expliqué que le dialogue doit prendre en compte la différence des approches et des sensibilités entre l'islam et le christianisme : si d'un côté les questions de Dieu sont proches de l'abstraction, elles sont en revanche dans le monde musulman inscrites dans le concret de la vie quotidienne et des relations sociales. « Je conseille de se référer à la philosophie chinoise qui prône la voie médiane, seule voie pour favoriser le dialogue », a ajouté le nonce apostolique. L'idée de lancer d'abord un dialogue inter-religieux, avancée par M. Bouamrane, a retenu l'attention des présents : « Il y a un manque d'explication de l'autre dans chaque communauté de croyants. » Mais alors comment avancer ? « En cessant la complaisance et en se disant les vérité avec courtoisie », conseille cheikh Bouamrane. On regrettera, par ailleurs, l'absence de débats ouverts au public présent.