Le siège provisoire de l'APC d'Oran abrite jusqu'au 18 juin une exposition espagnole sur la cartographie des forteresses d'Oran. Le vernissage a eu lieu mercredi en présence d'Alejandro Polanco, ambassadeur du royaume d'Espagne, et plusieurs officiers de la Marine des deux pays, mais aussi du consul général de France, de la directrice de la culture et d'élus locaux. C'est l'ambassadeur lui-même, particulièrement enthousiaste, qui a fait visiter l'exposition à ses hôtes, leur prodiguant des détails sur le travail accompli par les architectes militaires il y a près de 3 siècles. Il s'agit de plans des quelques forts et châteaux constituant le système défensif de la ville d'Oran sous l'occupation espagnole, mais aussi de plans de masse représentant l'ensemble du système, l'emplacement de la vieille ville, ses murs d'enceinte et même son réseau de galeries souterraines. Vu la qualité et la précision des dessins et des explications annexes, on serait tenté de croire qu'il s'agit d'originaux, mais il n'en est rien. Selon l'ambassadeur, ce sont des copies réalisées par l'Institut de géographie et de cartographie de l'armée sur des originaux qui sont jalousement conservés par les services des archives. Cela n'entame en rien la qualité du travail et le souci de la précision qui concerne autant les dessins que les écritures en annexes. Les plans sont agrémentés par des dessins leur conférant un côté artistique souligné par le diplomate espagnol, qui précise que les encadrements ont été effectués à Alger. La cartographie inhérente à la ville d'Oran est particulièrement riche, mais une vingtaine de panneaux seulement sont exposés et un choix est porté sur la première moitié du XVIIIe siècle, celle correspondant à la réoccupation de la ville par l'armée espagnole, car l'occupation d'Oran, qui a duré de 1505 à 1792 a connu un intermède entre 1708 et 1732 lorsque le bey Bouchlaghem de Mascara a réussi à reprendre la ville. Hormis la période, le choix des «œuvres exposées» répond également à un souci d'harmonie d'ensemble. Quoiqu'il en soit, le public intéressé peut découvrir les plans d'époque de plusieurs forts et systèmes défensifs, dont quelques uns remontent à des périodes antérieures, mais qui ont subi des transformations pour les adapter aux besoins du moment. C'est le cas notable de la forteresse d'Alcazaba (Casbah), qui remonte au Xe siècle, mais surtout du Rozalcazar, antérieurement Bordj el Ahmar, construit au XIVe siècle. Hormis Santa Cruz, les plans exposés concernent certaines pièces maîtresses du système défensif, tels les châteaux Saint Grégoire, Saint Philippe, le fort Saint André, etc. «A l'époque, le système défensif de la ville était l'un des plus modernes, en ce sens qu'Oran constituait un espace d'expérimentation, car la période était caractérisée par une nouvelle façon de faire la guerre avec le développement de l'arme nouvelle qu'était l'artillerie», souligne l'ambassadeur, qui estime que «ce sont les meilleurs ingénieurs militaires qui ont été mobilisés et qui ont mis tous leurs efforts pour trouver des solutions novatrices afin de protéger la place». Tenant compte du fait que des éléments de base sont communs de toute œuvre fortifiée, il pense néanmoins que «la fortification d'Oran et de Mers El Kébir a été en définitive une authentique école pour les ingénieurs et les architectes de l'époque, qui ont su s'adapter en innovant.» La récupération de cette mémoire commune et sa mise en valeur ne sont qu'un élément parmi d'autres, visant à développer davantage les relations entre les deux pays. C'est le souhait exprimé avec la promesse d'«essayer de pousser le jumelage entre Oran et Alicante de façon à ce qu'il y ait plus de visibilité, mais surtout qu'il puisse aboutir à des résultats concrets». Le service culturel de l'ambassade d'Espagne, qui prépare déjà une bande dessinée sur Miguel Cervantès, emprisonné à Alger et qui a séjourné à Oran, compte également publier un ouvrage sur ce père du roman moderne en associant un auteur algérien.