Le président de la FIFA, Gianni Infantino (46 ans), boucle aujourd'hui ses 100 premiers jours à la tête de la Fédération internationale de football. Elu le 26 février 2016 sur un programme sans profondeur par rapport à celui de son prédécesseur, Joseph Sepp Blatter, il se retrouve confronté au terme de son premier trimestre à la FIFA dans une position peu reluisante. Son programme de campagne intitulé «Vent de réformes à la FIFA» a fait long feu. Alors que la FIFA était minée par les scandales avant son élection aux commandes, il n'a rien fait depuis pour améliorer la situation. Ses promesses de campagne ont été sans lendemain. Son programme strictement électoraliste, 40 équipes en Coupe du monde, plus d'argent aux Fédérations dans le cadre des projets de développement, changement de dénomination du comité exécutif rebaptisé conseil, élargi à 38 membres, parité hommes-femmes dans les organes et instances, limitation à deux mandats (8 et 4 ans) de président, des réformes copier-coller made in Blatter… tel était le programme du chauve et maître de cérémonies des tirages au sort des compétitions de l'UEFA. Cent jours plus tard, Gianni Infantino est rattrapé par ses mensonges et fausses promesses. Ceux qui l'ont porté au sommet de la FIFA se rendent compte qu'il n'a pas l'envergure du poste. Ceux qui ont suivi son ascension ne sont pas surpris. Ils savaient que le costume de président de la Fédération internationale de football était trop grand pour lui. Un de ses anciens collaborateurs à l'UEFA dira de lui : «C'est un intriguant. Il a trahi Lennart Johansson (ex-président de l'UEFA), qui l'a introduit dans la maison du football européen en 2007, et il l'a de nouveau fait avec Michel Platini qu'il a poignardé dans le dos. Les gens qui l'ont porté aux cimes de la FIFA ont la mémoire oublieuse. Il n'a jamais été un partisan du principe d'intégrité. A Mexico, lors du 66e congrès de la FIFA, il l'a démontré de nouveau en poussant vers la sortie Domenico Scala, président du comité d'audit et de conformité de la FIFA.» A Mexico City, la FIFA a tout fait pour étouffer le scandale qu'a provoqué son président au sujet de son salaire. Avant février 2016, Domenico Scala avait été chargé par la FIFA d'établir une nouvelle grille de salaires des dignitaires de l'instance faîtière. Scala a élaboré une grille qui n'a pas été du goût de Gianni Infantino qui l'a qualifiée d'«insulte» à sa personne au motif que le secrétaire général était mieux rémunéré que lui (avec les bonus). Lors de la réunion du conseil à Mexico City, il a demandé aux membres présents d'exiger de Scala de démissionner ou de monter contre lui des membres du congrès. Le Britannique David Gill et l'Américain Sunil Gulati se sont farouchement opposés à la proposition du président de la FIFA. Ce dernier n'a pas abandonné. Il est revenu à la charge et a fait entériner la décision d'accorder au conseil (ex-comité exécutif) le pouvoir de nommer et destituer les membres des commissions indépendantes et de supervision du comité de recours, le comité d'audit et de conformité ainsi que le comité d'éthique. Le mobile de cette démarche est d'entraver les enquêtes sur les dirigeants en place ou ceux qui intégreront la FIFA. Y a-t-il un lien entre cette décision et la nomination de la Sénégalaise Fatma Samoura au poste de secrétaire générale de la FIFA ? Sans aucun doute ! Il a soustrait la secrétaire générale au test d'éthique obligatoire en poussant Domenico Scala vers la sortie… avant que Fatma Samoura ne prenne ses fonctions. Il est en train de torpiller les réformettes que la FIFA a élaboré pour calmer le jeu au lendemain de la tempête qui a emporté des dirigeants de la FIFA en mai 2015. Un président vorace A Mexico City, il a tombé le masque en affichant son appétit vorace. Il veut prendre beaucoup d'argent, au moins autant que Blatter. Les écoutes et minutes de la réunion du conseil lors du 66e congrès ne laissent planer aucun doute sur ses véritables intentions. Son objectif n'est pas de remettre la FIFA dans les bons rails mais de se remplir les poches. Des journaux allemands ont récupérés les écoutes de cette réunion. Elles devraient suffire pour suspendre Gianni Infantino de toutes fonctions liées au football. Dans l'enregistrement en possession de médias allemands, le président de la FIFA clame : «Je ne peux accepter cette proposition (de salaire) car je la juge insultante.» Son appétit est sans limite. Se rendant compte, après coup, de la dangerosité de ses propos sur son salaire et l'argent, il a demandé à la FIFA de détruire les enregistrements de la réunion de Mexico. Cela peut lui valoir une suspension de 90 jours, comme première étape du processus qui devrait déboucher sur une longue suspension. En 100 jours de règne, il a décapité les commissions indépendantes pour pouvoir agir à sa guise et nommer des hommes à lui qui obéiront à tous ses ordres et désirs. En avril dernier, il a été cité par les Panama Papers dans une affaire qui remonte à 2006-2007, lorsqu'il était à l'UEFA et signé des contrats commerciaux avec une société offshore détenue par des hommes d'affaires poursuivis par la justice américaine dans le cadre du vaste scandale de la FIFA. Avec Gianni Infantino, la FIFA n'a pas fini de manger son pain noir. Celui qui se présentait comme Monsieur Propre est le digne pendant des pourris qui essaiment le football et les couloirs de la FIFA.