Un espace de 9 m2 au maximum savamment agencé par Aïssa Remame au 54, rue des Frères Allili à Boufarik. Des activités aussi diverses que la vulgarisation des connaissances scientifiques, des tables rondes et des conférences thématiques, des visites guidées comme celles qui furent organisées pour la BN, le TNA et même trois participations aux tables rondes organisées par El Watan à l'hôtel Mercure. M. Remame a su se débrouiller gracieusement l'espace de la salle Azzouz ce vendredi et inviter l'homme de lettres et directeur de la BN, Amine Zaoui, pour discuter avec les gens de Boufarik de l'œuvre de Naguib Mahfoudh. Ce fut également un prétexte pour débattre de la situation du livre en Algérie. M. Zaoui demeurera toutefois étonné devant l'indifférence de l'université algérienne face à l'événement créé par le décès de l'auteur égyptien : « C'est la 2e conférence sur Naguib Mahfoudh depuis sa mort ! L'université algérienne est absente, enfermée, cherchant des revendications que nous ignorons et s'éloignant des débats du jour. » Il ira encore plus loin en accusant un média aussi lourd que la télévision qui s'est montrée incapable de réunir 8 à 10 personnes sur un plateau, des spécialistes de la littérature arabe, des traducteurs de son œuvre dans les autres langues alors qu'elle ramène des hommes politiques pour parler dans le vide. « L'événement du décès de Naguib Mahfoudh est passé au titre de l'information et 48 heures après, il n'y avait plus rien. » Pour Zaoui, la mort de l'auteur était attendue et tout le monde avait le temps de s'y préparer. C'était tout à l'honneur du « petit » Remame, personnage qualifié d'« excentrique » à Boufarik pour son intéressement aux jeunes et son désir de les subtiliser à la rue. Dans la salle bien éclairée où la zlabia de Boufarik était fournie en quantité, les présents auront droit à une lecture de l'œuvre de l'auteur égyptien, l'intellectuel et artiste arabe, premier à recevoir le prix Nobel et une probabilité d'un second prix pour … Assia Djebar dans quelques jours. « Elle est mieux placée que le poète Adonis ou l'écrivain israélite Oz parce qu'elle n'a jamais pris position sur le plan politique », dira M. Zaoui. Il expliquera comment la simplicité de la langue arabe pratiquée par N. Mahfoudh a élevé celle-ci jusqu'à l'universalité et l'Algérien exprimera son regret d'avoir subi durant plus de dix années les querelles entre intellectuels arabes au sujet du mérite ou non du prix Nobel pour cet auteur au lieu de participer à l'élévation de la littérature et la culture arabes en profitant justement de ce prix. N. Mahfoudh a su justement passer pratiquement sans encombre les quatre régimes, du roi Farouk au président Moubarak en passant par Nasser et Sadate et c'étaient — c'est toujours d'actualité — aux intellectuels arabes d'expliquer en premiers cet exploit. Tard le soir, M. Zaoui abordera, à la suite d'une question d'un auditeur, l'état des annexes de bibliothèques comme celles de Aïn Témouchent — 8000 m2 sur quatre niveaux — et celles de Mascara, Tissemsilt, Oum El Bouaghi, M'sila et autres jusqu'à arriver aux 36 promises d'ici à l'année 2008. « Il faut songer dès maintenant à la création du tissu des 500 bibliothèques municipales à réaliser avec le concours du ministère de l'Intérieur dont dépendent les communes pour les rattacher aux annexes de la Bibliothèque nationale. » Il évoquera le statut des employés, la professionnalisation de la fonction pour en faire un espace de vie et pas seulement une « épicerie » : « C'est un rayonnement culturel avec l'organisation de colloques, de journées d'étude », dira-t-il. Il annoncera à la fin un don de mille titres pour l'espace lecture de Boufarik tout en rappelant que le budget alloué à la BN est dérisoire ou ne répondant guère aux ambitions de ses responsables, surtout avec la perspective — non évoquée — de la tenue du festival de 2007 « Alger, capitale culturelle du monde arabe ».