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«Le football est un excellent témoin des ambiguïtés de la France»
Yvan Gastaut*. Historien
Publié dans El Watan le 07 - 06 - 2016

Dix-huit ans après le Mondial victorieux de l'équipe de France Black-Blanc-Beur en 1998, l'équipe de France 2016, devenue Black-Blanc pour l'Euro 2016, est-elle à l'image des équilibres politiques qui penchent à l'extrême droite en France ?
En effet, il y a de curieux parallèles à faire entre les évolutions politiques de la France et les évolutions des compositions de l'équipe de France. En 2002, une défaite et des critiques sur l'équipe correspondent à la présence du FN au second tour. En 2016, un débat sur le mauvais comportement de certains joueurs et une poussée du FN.
Oui, il apparaît ici une sorte de souffle de moralisation qui s'abat sur Benzema. On comprend que le football est un excellent témoin des ambiguïtés de la France : un monde du ballon rond à l'avant-garde de la diversité mais où la question du racisme peut s'exprimer frontalement. Benzema semble payer les pots cassés par lui et certains de ces prédécesseurs. Car en fait, ce qui inquiète, c'est la personnalité des joueurs et de leur capacité à s'intégrer au groupe.
Visiblement la «génération 87» de Nasri-Benzema-Ben Arfa semble ne pas se fondre suffisamment dans le moule, n'ayant pas les comportements adéquats par rapport aux normes. Mais en fouillant dans le passé, on peut noter qu'à chaque époque, les «mauvais garçons» du football sévissent et sont souvent punis ou mis au banc.
Par exemple, N. Anelka en 2010 et avant lui Eric Cantona, justement, ont pu avoir des attitudes insuffisamment adaptée. Du coup, il faut se garder de toute ethnicisation mais, depuis 2010, une suspicion frappe les joueurs au comportement non conforme. Mais tout dépend aussi de la conjoncture sportive qui peut très vite changer.

Comment avez-vous compris le sens du message de Benzema (dont la non-sélection a été largement décriée par ses supporters et par des alliés, comme Cantona), lorsqu'il a accablé le staff de l'équipe de France en soupçonnant l'entraîneur Deschamps de racisme ?
Bien que la plupart des Français (plus des trois quarts selon les récents sondages) considèrent que Benzema ne doit pas faire partie du groupe et soutiennent Deschamps, ses propos jettent un froid et provoquent une bien mauvaise ambiance autour de cet Euro. Du coup de deux choses l'une : soit la France va au bout et on se moquera de ceux qui ne font pas partie du groupe, soit elle est éliminée et planera l'incertitude sur «que ce serait-il passé avec Benzema et Ben Arfa».
Bien entendu, difficile de prendre l'accusation de Benzema et avec lui de Cantona, Debbouze et autres au pied de la lettre : Deschamps n'est pas raciste au sens premier du terme. Ni même la Fédération. Pour s'en convaincre, il suffit de voir la diversité des composantes de l'équipe de France. Toutefois, l'absence criante de joueurs issus de l'immigration maghrébine est significative et reflète une tendance qui dépasse le football.
Peut-être d'une ambiance générale, un état de l'opinion marquée par un rejet quasi inconscient et systématique vis-à-vis des jeunes fils voire bientôt des petits-fils de travailleurs immigrés venus en France à l'époque des Trente Glorieuses. Le sélectionneur est-il influencé par ce climat ? Lui, comme les autres, ne le sait sans doute pas. Ce n'est pas tant l'appartenance ethnique qui a empêché la sélection de Benzema, mais plutôt un argument moral commode pour exclure en douceur, autour de ses frasques.
Apparemment Deschamps a du mal avec plusieurs défections, dont celle de Diarra, au-delà des considérations sportives, qu'est-ce que cela révèle sociologiquement ?
Les défections sont uniquement motivées pour des raisons physiques, en tout cas officiellement. Mais tout semble bien étrange... Je ne pense pas qu'il faille interpréter les blessures de manière sociologique, mais il y a des signes... En tout cas, il est curieux de voir que dans le débat on considère que la diversité ne pose pas de problème en France vu sa composition, mais que le problème concerne uniquement les fils de l'immigration maghrébine, comme s'il s'agissait d'une entité à part.
Le football français continue-t-il aujourd'hui d'être un lieu de brassage intercommunautaire ?
Oui, c'est bien un paradoxe : le football reste plus que jamais un lieu de brassage, mais en même temps il est le premier refuge du nationalisme, du moralisme et de l'identité nationale. Il y a quelque chose d'artificiel dans tout ça : un jeu de positionnements et de symboles, tout cela en raison du fort impact médiatique de ce sport. Dès lors il faut le considérer comme un reflet de nos angoisses, de nos passions, versatiles et contradictoires
Que reste-t-il du football jeu ludique alors qu'après quelques rumeurs d'annulation au lendemain des attentats de novembre 2015, le maintien de l'Euro a rapidement été l'option choisie avec force moyens sécuritaires ?
Oui, le football est un jeu mais cette dimension est totalement évacuée par les enjeux sociaux, politiques, diplomatiques et culturels. Un ballon qui franchit la ligne peut sauver un pouvoir en place ou au contraire le condamner. Le risque d'attentat est réel, montrant que cette arène peut servir tous les intérêts, y compris les plus funestes.
* Yvan Gastaut, maître de conférences à l'université de Nice, a publié divers travaux sur football et immigration, notamment Le métissage par le foot (Paris, Autrement 2008).


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