Alstom veut faire de l'usine Cital de Annaba un grand pôle industriel en élargissant ses activités, actuellement centrées sur les tramways Citadis, et y inclure le montage et la maintenance de trains régionaux et intercités. Alstom veut grandir davantage en Algérie. Le groupe français, présent en Algérie depuis 2001, mise désormais sur l'industrie à travers l'extension de l'usine Cital de Annaba. Alstom veut en faire un grand pôle industriel en élargissant l'activité de l'entreprise, actuellement centrée sur les tramways Citadis, et y inclure le montage et la maintenance de trains régionaux et intercités. Le projet est en attente d'être validé par le Conseil des participations de l'Etat (CPE), avons-nous appris auprès des responsables de Cital et d'Alstom, rencontrés sur le site de production Reichshoffen de Strasbourg, en France. Depuis avril, date de la signature de l'accord-cadre visant l'extension des activités de Cital et la production locale de trains régionaux et intercités Coradia pour l'Algérie, le projet semble avoir fait son chemin. En effet, tous les documents nécessaires ont été envoyés aux ministères concernés, selon Wahida Chaab, directrice commerciale à Alstom Algérie. Le projet a enfin atterri au Premier ministère pour validation par le CPE. Les travaux d'extension sur le site de Cital à Annaba, dédié actuellement au montage et à la maintenance de tramways Citadis, verront la création de nouvelles lignes de production d'une capacité de 12 trains Coradia par an, un centre de maintenance ainsi qu'un service d'ingénierie. Ces nouveaux investissements permettront de créer environ 300 emplois directs. L'usine pourra se servir désormais de nouvelles unités de sous-traitance qui viendront s'implanter dans sa périphérie, dont l'une d'entre elles a vu sortir de ses unités, mercredi dernier, le premier câblage destiné à l'usine Cital de Annaba. L'exportation en ligne de mire Au-delà de l'emploi, l'enjeu de construire les Coradia sur le territoire algérien est triple : il s'agit de répondre à un besoin futur de renforcer la flotte de la SNTF, qui rentre désormais dans le capital de Cital, de pérenniser les emplois et le savoir-faire et de s'orienter vers les marchés extérieurs, africains particulièrement et, à terme, vers des pays du Moyen-Orient puis probablement vers l'Iran. L'export et la réduction des coûts, tel serait l'enjeu de la fabrication des Coradia en Algérie. Alstom pourrait voir son carnet de commandes exploser à la faveur d'une prévision pour le moins alléchante : la SNTF a l'intention de commander à Cital 98 Coradia basés sur le train polyvalent d'Alstom dans sa version bi-mode. Cette acquisition fait partie du plan de l'opérateur prévoyant l'extension de son réseau ferroviaire de 3000 km à 12 500 km d'ici 2025, de posséder une flotte plus importante capable de circuler sur différents types de lignes et d'offrir une meilleure qualité de service à ses passagers. En tout cas, les premiers trains Coradia, qui emprunteront bientôt les chemins de fer de la SNTF, seront fabriqués à Reichshoffen, en France. En juillet 2015, la SNTF a commandé à Alstom 17 trains intercités Coradia polyvalents. Le Coradia se caractérise par une architecture articulée, des équipements techniques placés en toiture, une grande modularité, une meilleure accessibilité et une qualité de roulement et de confort irréprochable. La plateforme Coradia polyvalent a vu le jour en 2008. Pour l'Algérie, il est question de fournir à la SNTF des trains Coradia en version bi-mode (électrique et diesel), parfaitement adaptés aux conditions climatiques du pays (sable, températures extérieures). 17 trains Coradia livrés en 2018 Selon le calendrier arrêté pour la fabrication des 17 Coradia de la SNTF, il est prévu que l'activité «chaudron» démarre en octobre 2016, tandis que l'activité garnissage devrait débuter en décembre de la même année. Les essais de validation devraient avoir lieu en septembre 2017 et la livraison de la première rame est prévue pour janvier 2018. Les lignes de production d'Alstom à Reichshoffen (Strasbourg) ont une capacité de 60 trains par an. Elles sont dotées de 11 points de contrôle qualité en interne et d'un point de contrôle à la sortie finale. Il y aurait 40 000 points de contrôle sur les essais statiques, selon les ingénieurs du constructeur français, rencontrés sur le site de Reichshoffen. Le site, qui date de 1767, devrait fêter l'année prochaine ses 250 ans d'activité. Il emploie 876 personnes, dont 150 ingénieurs qui travaillent sur une vingtaine de projets en cours. Alstom, 250 ans après, c'est 6,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2015, 31 000 employés dont 1700 dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). En Algérie, 15 ans après sa création, Alstom compte 300 emplois, 7 projets de tramways, une participation dans la joint-venture Cital, une usine, trois centres de maintenance, 48,7 km de ligne de tramway en service et 47,7 km en construction. Le projet d'extension des activités de Cital à la production et à la maintenance de trains régionaux et intercités est hautement symbolique. C'est le couronnement d'un partenariat fructueux entamé depuis l'électrification de la banlieue d'Alger.