Un plan de localisation d'une grande envergure sera consacré au futur projet portant sur le montage. Dans une seconde phase, suivra la fabrication d'autorails et de rames de trains de voyageurs, intégrant des produits nationaux, sur le site Cital-Annaba. Dans cette perspective, un accord-cadre a été signé, début avril dernier, entre Alstom, Ferrovial, EMA et la SNTF. Le projet d'extension des activités du site Cital aux autorails, dit «Cital 2», s'est finalement avéré être une réalité : le projet est maintenu, le train hybride Coradia Algérie va bel et bien rouler sur rails, assure, dans une déclaration qui nous a été faite en marge de la cérémonie, par Salah Malek, président du Groupe industriel SNVI. C'est donc une bonne nouvelle pour ceux qui y voyaient une ambition démesurée et c'en est certainement une mauvaise pour certains de nos voisins immédiats, aux yeux desquels la crise financière actuelle et les relations diplomatiques entre Alger et Paris, quelque peu tendues ces derniers temps à la suite du tweet de Manuel Valls et des révélations des Panama Papers, pourraient agir sur le sort des relations d'affaires liant les deux pays. «Le projet est maintenu, il est en très bonne voie. L'accord étant déjà signé, le pacte d'actionnaires paraphé, il est en attente de l'aval du Conseil des participations de l'Etat (CPE). Les investissements à consentir sont peu négligeables, ils s'élèvent à plus de 16 milliards de DA. Chacun des partenaires y contribuera à hauteur de sa participation au capital social. Ce n'est pas un projet d'infrastructures, donc de financements commerciaux», a insisté M. Malek. Sur le site Annaba seront donc assemblés et testés 98 trains, fondés sur la gamme Coradia Polyvalent d'Alstom dans sa version hybride (bi-mode, électrique et diesel), a-t-il ajouté. Pour ce faire, la superficie de l'enceinte abritant actuellement les ateliers d'assemblage et de maintenance des tramways Citadis, devrait être portée de 46 000 m2 à 190 000 m2. Ainsi, sur l'équivalent de 5 fois le site actuel de Cital-Annaba devraient être mis sur pied, outre le centre d'essai, un département d'ingénierie et de nouvelles lignes de production dotées d'une capacité d'assemblage d'un train Coradia par mois contre 4 tramways/mois dans la famille Citadis. Le premier train, dont la vitesse peut atteindre 160 km/h avec 900 voyageurs à transporter, sera livré à la SNTF à la fin de 2019 : «La production sur le sol algérien des trains Inter-City fait partie d'un plan ambitieux d'étendre le réseau ferroviaire algérien de 3000 km à 12500 km d'ici à 2025 et de se doter d'une flotte de trains modernes, afin de pouvoir circuler sur différents types de lignes, et d'offrir une meilleure qualité de service aux passagers», tient, pour sa part, à rappeler M. Fadel, avant d'ajouter: «Notre ambition, et celle de l'Algérie, est de créer à Annaba un pôle industriel ferroviaire d'excellence. C'est une vision stratégique. Pour cela, il fallait un 2e client et un 2e produit, la SNTF et l'autorail», ajoute-t-il, admettant, toutefois, que «fabriquer des trains type Coradia à même le site de Annaba, n'est pas, pour l'instant, à notre portée. Ce type d'industrie est très complexe et nécessite des investissements excessivement lourds et un espace extrêmement vaste. D'où l'option de l'assemblage, dans une première phase.» Quid des retombées économiques ? Rien que sur le site de Annaba, se réjouit-on, cette nouvelle activité sera en mesure de pourvoir le marché du travail en centaines d'emplois directs, de plusieurs autres indirects, et ce, outre les perspectives prometteuses à l'embauche dans la sous-traitance. Alstom se chargera, également, de la formation et du transfert de technologie, de compétences et de savoir-faire aux employés de Cital «de façon à faire passer pratiquement toute la production réalisée en Europe au site de Annaba, et ce, afin de créer un pôle ferroviaire d'excellence en Algérie et dans toute la région», poursuit notre interlocuteur. Formel, il estime que le Coradia-Algérie sera d'un apport économique certain pour les deux parties : «Coradia-Algérie va nous permettre d'être compétitifs sur certains marchés du Maghreb et d'Afrique, et ce, en plus du puissant pôle industriel ferroviaire qui se mettra en place avec le puissant réseau de PME/PMI nationales de sous-traitance susceptible de se créer autour.» En attendant le Coradia-Algérie, la SNTF se contentera du rajeunissement de sa flotte vieillissante. Au total, 17 convois de trains hybride sont commandés auprès de son désormais associé, Alstom, le premier appelé à être mis en service à partir de 2018. Et tout porte à croire que cette union entre la compagnie nationale des transports ferroviaires et le groupe tricolore est susceptible de se prolonger dans le temps : Dans la phase extension inscrite dans le plan de développement ferroviaire 2025, doté d'une enveloppe s'élevant à plus de 1500 milliards de dinars, le chemin de fer projette d'atteindre une part du marché national de transport de 20%, avec 60 millions de tonnes de marchandises et 160 millions de voyageurs, avons-nous appris à la direction régionale de la SNTF. Aussi, avec l'abandon progressif des voies métriques, le linéaire du réseau national devrait passer de 4573 à 12 500 km, entre voies standard et électrifiées, dotées de systèmes de sécurité modernes, en plus du rajeunissement et de la modernisation du parc national, en grande partie vieillissant, pour ne pas dire en fin de vie. D'où les besoins de plus en plus grands en trains, équipements ainsi qu'en matériels ferroviaires, tous types confondus, et les perspectives fort prometteuses pour les activités de sous-traitance, du moins en ce qui concerne Hiolle Industrie Algérie. «Le câblage est une industrie hautement complexe. En la matière, le savoir-faire élevé dont ont fait preuve les jeunes ingénieurs et techniciens algériens et que nous avons pu découvrir aujourd'hui va incontestablement plaider en faveur de d'Hiolle Algérie. Elle est capable d'accroître ses parts de marché une fois que seront mis en route les futurs grands projets relevant de l'industrie ferroviaire impliquant différents capitaux étrangers, notamment asiatiques, qui sont en cours de discussion», a conclu, avec fierté, le patron du groupe SNVI.