La phase 2 de l'accord entre le président Béji Caïd Essebsi et le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, consiste à mettre en place un gouvernement politique. Le nom du chef de ce gouvernement demeure inconnu. Il devient maintenant clair que l'accord de Paris passé en août 2013 entre Nidaa Tounes et Ennahdha consistait à faire prévaloir, d'abord, le consensus pendant les phases de rédaction de la Constitution, des élections et de la période qui les suit. Ensuite, ce sont les politiques qui prennent les commandes. L'initiative en cours de Béji Caïd Essebsi annonce le retour au pouvoir des politiques aux dépens des «sans couleur». Nidaa Tounes revendique la présidence du gouvernement, puisqu'il est le parti gagnant des élections du 26 octobre 2014. Ennahdha réclame un nombre de portefeuilles proportionnel à son poids électoral à la sortie de ces élections. Pour accorder à ce gouvernement le niveau minimum de stabilité sociale et d'efficacité sur le terrain, le président Béji Caïd Essebsi a associé les centrales syndicales ouvrière et patronale à son initiative. Ainsi, Hassine Abbassi était à sa droite et Wided Bouchamaoui à sa gauche lors de la réunion tenue avant-hier avec les quatre partis de la coalition gouvernementale. Par ailleurs, pour renforcer l'assise du prochain gouvernement, le Président essaie d'associer certains partis comme Al Moubadara (3 sièges) de Kamel Morjane, dernier ministre des Affaires étrangères sous Ben Ali, Al Joumhouri (1 siège) de Nejib Chebbi ou Al Massar, qui avait 5 sièges à l'Assemblée nationale constituante et dont une aile a rejoint NidaaTounes. Question de chef Béji Caïd Essebsi a sciemment choisi de ne pas attendre les élections municipales (mars 2017) pour passer à la phase politique de la gouvernance. Les islamistes d'Ennahdha auront leur quota de ministres proportionnel à leur poids électoral. Le président tunisien peut se justifier du changement de cap opéré lors du dernier congrès d'Ennahdha pour expliquer le changement de son attitude politique. Pour Nidaa Tounes, il est fort probable que l'un de ses ministres passe à la présidence du gouvernement. Il reste également probable que le président Béji Caïd Essebsi choisisse une personnalité dans les sphères de Nidaa Tounes, sans qu'elle ait déjà fait partie de la direction.