L'ancien secrétaire d'Etat américain James Baker est un parfait connaisseur du dossier irakien. C'est lui qui l'a géré durant ce qu'on appelle la première guerre du Golfe, ou plus précisément contre l'Irak. Celle-ci a été décidée à la suite de l'invasion du Koweït par ce pays. C'était en 1990, et c'était sous la présidence de George Bush père. Le Koweït a été libéré, mais la crise est demeurée inchangée comme s'il fallait conserver en mains ce dossier pour des considérations jamais avouées, y compris par l'Administration du président démocrate Bill Clinton. C'est donc en cette qualité que James Baker s'exprime sur la guerre en Irak, caractérisée par l'enlisement de l'armée de son pays. Il a ainsi présidé une commission spéciale sur l'Irak créée par le Congrès américain avec le soutien de l'Administration Bush, et ses conclusions sont sévères. Il décrit la situation en Irak comme « un sacré bazar ». M. Baker a été choqué par la situation en Irak lors de sa dernière visite dans le pays. La BBC, citant un politicien de haut niveau, ami et allié de M. Baker, a assuré que l'ancien secrétaire d'Etat considère qu'il n'y a « simplement aucune solution facile ». La commission qu'il préside s'apprête à proposer des changements majeurs dans la stratégie américaine en Irak d'ici au début de l'année prochaine, a affirmé lundi le Los Angeles Times. Citant, sans les identifier, des membres de cette commission, le Los Angeles Times avait affirmé que deux options ont été étudiées par la commission qui représenteraient des virages dans la politique américaine : un retrait des troupes américaines par étapes, et la participation de l'Iran et de la Syrie à un effort conjoint pour stopper les combats. La BBC juge qu'une troisième possibilité est prise en considération : concentrer tous les efforts à assurer la stabilité dans le pays en oubliant l'objectif d'y établir une démocratie. La commission, forte de dix membres dirigée par l'ancien secrétaire d'Etat James Baker, a conclu à la nécessité d'un changement de politique, selon le Los Angeles Times. « Cela ne va pas être ‘'gardez le cap'' », a assuré un membre de la Commission, citée par le journal. « Le fait est que (la politique actuelle) ne marche pas. Il faut trouver autre chose. » Et il y a manifestement urgence du fait aussi que tous les plans se sont avérés inopérants. On est manifestement loin des « quelques semaines » demandées par la hiérarchie militaire pour mener cette guerre, les pertes US de plus en plus élevées, et un pays en pleine guerre civile avec les affrontements interethniques. Et hier, le Commandement américain annonçait avoir perdu dix soldats tués mardi à Baghdad et dans les provinces d'Al Anbar et de Diyala, portant à 67 morts les pertes subies par l'armée américaine en Irak depuis début octobre. Il s'agit d'un des bilans les plus lourds pour l'armée américaine sur une période de moins de trois semaines, depuis l'invasion d'Irak en mars 2003. Ces 67 morts portent à 2776 le nombre de soldats américains et personnels assimilés morts en Irak depuis l'invasion, selon un décompte basé sur les chiffres du Pentagone. Et ce n'est pas tout. Quelque 2000 partisans du dirigeant chiite radical Moqtada Sadr ont manifesté hier à Baghdad pour réclamer la libération d'un de leurs dirigeants arrêté, selon eux, par les Américains. « Non, non aux Américains. » Moqtada Sadr dirige la puissante milice chiite baptisée Armée du Mahdi. Cette milice est accusée d'être l'une des principales responsables de la violence confessionnelle entre sunnites et chiites, qui s'est répandue en Irak après la destruction en février 2006 d'un mausolée chiite à Samarra (nord). L'existence de cette milice et les actions qu'elle mène également envers ou contre les autres chefs de la communauté chiite renseigne sur la complexité de la crise irakienne. « La boîte de Pandore », comme l'avait qualifiée un chef d'Etat. Il ne s'était pas trompé.