Barzan Ibrahim Al-Hassan Al-Tikriti, qui a été pendu hier à Baghdad, 16 jours après son demi-frère, Saddam Hussein, a partagé pendant 34 ans de nombreux secrets, très lourds, d'Etat comme de famille de l'ancien président irakien. D'un bout à l'autre du procès, il a nié toute légitimité au tribunal qui le jugeait et tout lien avec l'affaire de Doujaïl, où 148 chiites avaient été tués, pour laquelle il a été condamné. Courtois avec ses invités, mais dur et colérique avec ses collaborateurs, Barzan Al-Tikriti, âgé de 56 ans, était marginalisé depuis son retour en Irak en 1999. Mais sa loyauté envers le président, qui est aussi son beau-frère puisqu'il avait épousé Ahlam, -morte en 1998- la soeur cadette de Sagida, l'épouse de Saddam, a toujours été totale. Le chrétien Tarek Aziz passait pour le «gentil» messager de Saddam. Pourtant, le rôle de Barzan, longtemps ambassadeur aux Nations unies à Genève, présenté comme plus féroce, fut essentiel. Les deux hommes eurent du reste, ensemble, le 9 janvier 1991, un entretien dramatique avec le secrétaire d'Etat américain, James Baker, dans ce qui apparaissait comme «la dernière chance» d'empêcher la guerre du Golfe, cinq mois après l'invasion du Koweït. Chef des redoutés Moukhabarat (services secrets, intérieurs et extérieurs) de 1979 à 1984, Barzan Al-Tikriti aura rétabli le dialogue avec les Américains, marqué par la visite, à Baghdad, de Donald Rumsfeld en 1983, dans les premières années de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Barzan était diplômé en sciences politiques de l'Université de Moustansiriyah, à Baghdad. Il était aux côtés de Saddam lors de la prise du pouvoir par le parti Baas, en juillet 1968. Le retrait du président Ahmed Hassan Al-Bakr, en juillet 1979, à la faveur duquel Saddam accumula tous les pouvoirs, propulsa Barzan à l'avant-scène. A la tête des services secrets, il réprima les communistes, qui venaient de quitter le gouvernement, mais aussi les opposants kurdes, très insatisfaits de la forme d'autonomie accordée en 1974. Il se fait également remarquer par une liberté de ton inhabituelle au sein du Baas, préconisant une «démocratisation» de l'Irak, et une «unité», sans contrainte avec le Koweït.