Le Brexit inquiète ! La dernière angoisse en date a été exprimée par le Fonds monétaire international (FMI) qui a jugé qu'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) aurait un impact «négatif et important» sur l'économie britannique. Celle-ci pourrait, au pire, tomber en récession l'année prochaine. C'est le pronostic du FMI, posté vendredi, à moins d'une semaine du référendum sur le Brexit. Les experts du FMI, qui se livraient à leur examen annuel de l'économie britannique, ont joint leur parole à celle de David Cameron qui plaidait bec et ongles le maintien de son pays dans l'UE. Les experts de l'institution de Bretton Woods ont jugé qu'une décision des Britanniques le 23 juin de sortir de l'UE entraînerait «une période prolongée d'incertitude qui pourrait peser sur la confiance et l'investissement et élever la volatilité des marchés financiers, les négociations sur de nouvelles conditions pouvant durer des années». En cas de Brexit, le FMI dresse, dans un rapport séparé intitulé «Implications macroéconomiques du Royaume-Uni quittant l'UE», deux scénarios de conséquence : un «scénario limité», un autre dit «défavorable» au cas où les négociations de sortie avec Bruxelles «ne se déroulent pas bien». Pour le premier scénario, le FMI prévoit un ralentissement à 4,7% cette année de la croissance du PIB de l'économie britannique, à 1,4% en 2017 au lieu de 1,9% et 2,2% actuellement prévus. Dans le scénario adverse, l'économie du Royaume-Uni tomberait en récession en 2017 à -0,8% avant de se redresser à +0,6% en 2018, affirment les experts du FMI. «Dans le cas du scénario défavorable, les implications seraient une croissance négative», a confirmé un responsable du FMI lors d'une conférence téléphonique vendredi. Le taux de chômage actuellement prévu à 5% cette année comme en 2017, remonterait à 5,3% en 2017 en cas de conséquences limitées. En cas de scénario défavorable, il culminerait à 6% en 2017 et 6,5% en 2018. L'inflation grimperait, toujours en cas de scénario adverse, à 4% en 2017 au lieu de 1,9% prévu. Plus pessimiste encore sur le long terme, l'institution de Christine Lagarde préconise que l'effet d'un Brexit à long terme sur la production et les revenus britanniques «serait aussi probablement négatif et important, car de nouvelles barrières pèseraient sur le commerce, l'investissement et la productivité. De plus, les marchés pourraient précipiter l'arrivée de ces effets négatifs à moyen et long termes en réagissant de façon abrupte immédiatement après le vote». Les experts du FMI ajoutent qu'en cas de sortie, les autorités britanniques devront s'assurer que le système financier continue de brasser suffisamment de liquidités pour éviter un assèchement du crédit, saluant au passage les initiatives déjà prises par la Banque d'Angleterre pour parer à toute éventualité. L'angoisse d'un Brexit anime depuis plusieurs jours maintenant la planète de la finance mondiale, redoutant des conséquences néfastes sur l'ensemble des pays de l'Union européenne. Selon le FMI, certains pays vont souffrir davantage que d'autres d'une éventuelle sortie de l'économie britannique de l'UE du fait de l'importance de leurs relations commerciales mutuelles. Ces pays sont l'Irlande, Malte, Chypre, les Pays-Bas et la Belgique ainsi que le Luxembourg pour ses liens financiers. «La France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne devraient être moins affectées que la moyenne de l'UE», ajoute le FMI dans son rapport. Si un «oui» en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l'UE venait à l'emporter, le FMI prévoit à l'inverse un certain rebond de la croissance. «La croissance devrait se renforcer à la fin 2016 à mesure que les effets du référendum, qui semble avoir pesé sur la croissance jusqu'à présent, s'atténuent», explique-t-il. Dans l'hypothèse d'un maintien dans l'UE, les experts du FMI s'attendent au final à une hausse de 2,2% du produit intérieur brut en 2017, après le 1,9% attendu cette année.