Selon une source digne de foi, le juge d'instruction près le tribunal d'El Tarf a convoqué 30 personnes pour le 21 novembre prochain dans le cadre de l'affaire dite « du marché de mobilier scolaire ». Le directeur du logement et des équipements publics (DLEP) et le directeur général de l'éducation (DE) sont concernés ainsi que des cadres et des agents de ces administrations, de celle des finances, des élus et des fournisseurs. Ils auront à répondre des accusations de détournement et de dilapidation de deniers publics, de passation de marchés contraire à la réglementation, de subornation de témoins, de trafic d'influence, de faux et usage de faux. Cette affaire, avec de nombreuses autres dans l'administration locale, a fait l'objet d'une enquête des services spécialisés de la Gendarmerie nationale durant le premier semestre de cette année. Elle a été révélée au public dans nos colonnes en janvier 2004. Elle est aussi à l'origine du conflit qui oppose toujours au wali d'El Tarf un membre de l'APW, membre de la commission des marchés, aujourd'hui suspendu, qui réclamait une commission d'enquête sur les passations des marchés. Cette affaire a débuté en juin 2003 lorsque le président de cette commission reçoit une correspondance de l'ex-SNLB de Annaba (Transmetbois) qui l'informe que le fournisseur retenu par la wilaya pour l'acquisition de mobilier scolaire n'est pas le fabricant, ce qui est déjà contraire au cahier des charges, mais en plus, il propose les produits de la SNLB avec un écart de 28% de plus que la proposition de cette société, soit plus de 10 millions de dinars pour un marché de 50 millions de dinars. On fait comme s'il n'en était de rien, mais la commission des finances de la wilaya rejette la dépense au motif que le fournisseur est détenteur d'un registre d'import-export. Le contrôleur financier établit un rapport dans le même sens. Qu'à cela ne tienne ! Au lieu de sévir, les patrons de la wilaya accordent au fournisseur un délai pour « se mettre en conformité avec la réglementation », c'est-à-dire contourner l'obstacle en changeant son registre d'import-export en celui de fabricant de boiserie. Le tour est joué, et le faux fabricant de bois empoche la cagnotte, assuré, cette fois, de la majorité des voix de la commission qui avalise la dépense. Les responsables de la wilaya ont, par conséquent et en connaissance de cause, acquis du mobilier scolaire en deuxième main et qui a coûté 1 milliard de plus à la collectivité.