L'instruction de la première des neuf affaires qui composent le dossier pénal dit « du wali d'El Tarf et consorts », celle du lycée Chbaïta Mokhtar, a débuté hier au tribunal d'El Tarf. A l'issue des auditions d'une dizaine de personnes, le juge d'instruction a placé sous mandat de dépôt un technicien de la direction des équipements publics et du logement (DLEP) et mis sous contrôle judiciaire l'actuel directeur de l'éducation et un entrepreneur. Selon nos sources, ce qui est reproché aux deux fonctionnaires, c'est d'avoir réceptionné des ouvrages et apposé le service fait pour des travaux fictifs. Rappelons que le lycée Chbaïta est sorti de l'anonymat lors de la rentrée 2005, quand son proviseur a fait l'objet, en même temps que 13 de ses collègues, d'une suspension parce qu'il avait alerté les parents d'élèves et l'opinion publique sur les menaces que faisaient peser sur les enfants les innombrables vices de construction qu'il avait constatés et dénoncés. Une voix qu'il fallait taire pour ne pas mettre au jour ce que les enquêteurs de la gendarmerie découvriront 18 mois plus tard : un gouffre financier où on s'est servi sans vergogne en falsifiant les documents et en trompant sur la quantité et la qualité des services. Rappelons encore que le technicien de la DLEP est le deuxième fonctionnaire de cette administration a être écroué. Son ancien directeur, muté cet été vers Guelma, est sous les verrous à la prison d'El Harrach après avoir été entendu par le juge d'instruction de la Cour suprême en charge du dossier de l'ex-wali d'El Tarf, Djillali Arar. Aujourd'hui et demain s'ouvre, avons-nous également appris, l'instruction de la seconde affaire de ce lourd dossier, celle dite « du mobilier scolaire », qui a été révélée au public dans nos colonnes en janvier 2004 et qui est en fait le détonateur des toutes les enquêtes sur les passations de marchés publics à El Tarf. Les patrons de la wilaya avaient ouvertement favorisé une entreprise privée pour l'acquisition de mobilier scolaire. En connaissance de cause, ils ont accepté en deuxième main un produit acheté auprès de Transmetbois (ex-SNLB) qui avait, elle aussi, soumissionné mais avec une différence de prix égale à 1,2 milliard de centimes. La secrétaire générale de la wilaya qui assure l'intérim a également mis fin aux fonctions du directeur de l'administration de la wilaya, pour une sombre affaire de bons de commande, et du chef de parc pour avoir favorisé des tiers, spécialement recommandés, à prendre du carburant de la wilaya.