Les statuts constitutifs d'une société mixte algéro-turque dénommée «SPA Bethioua Minéralier» ont été signés officiellement, hier, entre les représentants du complexe sidérurgique Tosyali, d'un côté, et les responsables de l'entreprise portuaire d'Arzew ainsi que des Domaines, de l'autre. Il s'agit au final de réaliser une jetée-digue pour la réception de navires de grande capacité de transport de minerai de fer, d'un ensemble d'équipements de chargement et de déchargement et, enfin, d'un convoyeur devant relier le port à l'usine sur une distance de 9 km. Alors que le capital social de la nouvelle joint-venture est fixé à 2 milliards de DA, le coût de l'investissement pour la réalisation du projet est estimé 6 milliards de DA (soit environ 60 millions de dollars). Compte tenu des spécificités du domaine maritime et pour des considérations liées à la souveraineté nationale, la jetée digue sera réalisée exclusivement par l'entreprise portuaire d'Arzew. La société mixte va réaliser les équipements de manutention, de chargement et de déchargement ainsi que du convoyeur. Le complexe Tosyali compte importer 6 millions de tonnes de minerai de fer par an en faisant appel à des navires de grandes capacités de transport, jusqu'à 150 000 tonnes par cargaison. «Avec une telle capacité, sans le convoyeur et sans les équipements de déchargement, nous ne parviendrons pas à approvisionner l'usine de façon optimale», a indiqué Abdelhamid Gasmi, conseiller chez Tosyali précisant au passage que «hors hydrocarbures, aucun port algérien n'est équipé pour recevoir de telles capacités». Pour donner un ordre de grandeur et mettre en avant la nécessité d'un tel ouvrage, il estime qu'avec les capacités actuelles, un navire de 150 000 tonnes nécessitera facilement deux mois pour son déchargement. En réalité, il n'est même pas sur que de tels vraquiers puissent accoster. «Sinon, ajoute-t-il, nous aurions recours à des navires de petite capacité (maximum 30 000 tonnes) mais pour cela nous sommes obligés de décharger en moyenne un navire par jour pour approvisionner l'usine puisque la consommation est prévue entre 20 000 à 25 000 tonnes par jour». La possibilité de faire accoster de gros bateaux permet aussi de réaliser des économies en devises évaluées à 180 millions de dollars annuellement. La différence des couts de transport est de 30 dollars la tonne selon que l'on opte pour l'une ou l'autre des catégories. En plus, il faudrait tenir compte des surestaries pouvant être générées par les retards de chargement, les intempéries, etc. La réalisation du convoyeur est aussi nécessaire que l'aménagement de la jetée-digue du port car, à défaut d'une ligne de chemin de fer, le transport du matériau devra s'effectuer par camions. Mais là, il faudrait prévoir à peu près 800 véhicules, ce qui serait un enfer pour la ville d'Arzew qui risque d'être très fortement encombrée. Le tracé du convoyeur passe par des terrains du domaine public mais d'autres appartenant à des privés et c'est en partie pour cela qu'un appel solennel a été lancé pour la contribution de tous afin que ce projet soit réalisé dans les délais impartis et pour ne pas entraver le développement d'un gigantesque complexe industriel suivi au plus haut niveau de l'Etat. Il vient, en outre, de bénéficier officiellement d'une nouvelle concession de terrain pour son extension. Présent à la cérémonie, le wali d'Oran, Adelghani Zaalane, a assuré que le projet démarrera en septembre. Pour ce dernier, Tosyali Algérie est un partenariat modèle qui détient déjà plusieurs records et qui est sur le point de passer à une étape supplémentaire.