Un profond malaise caractérise l'atmosphère au niveau des ports de la wilaya de Tipasa. Il s'agit de la pêche le long du littoral de la wilaya de Tipasa. Plusieurs variétés de poissons sont étrangement commercialisées en ce mois de Ramadhan, alors que la fermeture de la pêche devait être rigoureusement respectée durant la période allant du 1er mai au 1er septembre. Les bateaux de pêche devaient logiquement partir au large lointain pour «racler» les fonds marins, à la recherche des poissons, notamment les crevettes en cette période. En dépit du soutien pour l'acquisition des embarcations de pêche, rares sont ceux qui respectent le repos biologique comme le stipulent «fermement» les textes réglementaires de notre République. Le massacre se déroule désormais en toute impunité, de surcroît avec une incroyable complicité, selon les patrons de pêche, le long du littoral de la wilaya de Tipasa, au sein de cette étendue bleue dans laquelle les poissons convergent naturellement pour se reproduire. L'omerta est imposée par des «nouveaux patrons pêcheurs» irrespectueux envers la faune et la flore marine. Après l'utilisation abusive des bâtons d'explosifs pour exterminer la faune et la flore marines, y compris l'environnement marin, voilà venue la période où «ces criminels» de la mer, arrogants, ne s'empêchant pas de jeter leurs filets pour rafler tout ce que cet environnement marin renferme. Depuis la fermeture de la pêche, les étals ne manquent pas de poissons. Soles, rougets, calamar, seiches, poulpes, pagres, daurades et bien d'autres espèces de poissons blancs en pleine période de reproduction tombent dans les filets de ces navires. L'avenir de la pêche est déjà menacé, selon les études des scientifiques, non seulement par les pratiques illicites de ces énergumènes qui courent derrière le gain facile, mais aussi par l'utilisation abusive des explosifs et une inquiétante pollution. La mer n'est plus protégée. Elle est devenue un dépotoir. Quelques ménages se permettent d'acheter les poissons à des prix exorbitants malheureusement. Des patrons pêcheurs dénoncent le laxisme des services de l'Etat, censés protéger l'environnement marin, d'une part, et d'autre part, contrôler toutes les embarcations à chaque sortie et à chaque rentrée au port. Pour nos interlocuteurs, l'autorité publique manifeste volontairement cette passivité qui met en péril l'avenir du métier de pêcheur et celui de la mer. Entre les discours officiels et la réalité du terrain, le décalage est énorme. «C'est inadmissible, déclarent nos interlocuteurs, si l'Etat n'est pas en mesure de sévir, nous ne pouvons rien faire, nous vivons de ce métier depuis que nos arrières-parents nous avaient transmis les techniques de la pêche, nous ne sommes pas des arrivistes dans ce secteur, nous sommes devenus malades par ces pratiques irrespectueuses envers le monde de la mer, nous sommes menacés autant que la mer, c'est une maffia qui règne ici au port de Cherchell», nous déclarent des patrons pêcheurs, qui tiennent à préciser qu'ils respectent le repos biologique. Contacté par nos soins, un officier supérieur des services des gardes-côtes réfute toutes ces déclarations, «nous avons donné des instructions claires, nos éléments font respecter la loi, notamment en matière de repos biologique, dit-il, les poissons que vous trouvez sur les étals proviennent certainement des ports de Gouraya, Khemisti et Tipasa, il y a des bateaux qui se libèrent de leur pêche à partir de ces ports, car nous n'avons pas des postes de contrôle à ces niveaux, ajoute-t-il, mais je vous assure que le contrôle se fait dans les ports de Cherchell et de Bouharoun», conclut-il. Impuissants, les patrons pêcheurs contemplent le désastre et ne croient pas aux affirmations des responsables. Pour cette catégorie de population qui vit des produits de la mer, le mal est profond, en raison de la conjugaison de l'impunité avec le non-respect des lois, mais surtout avec le règne de l'argent, en ces temps qui courent. L'opacité et la loi du silence ont de l'avenir dans les ports. Le massacre des poissons le long du littoral, une richesse qui meurt dans une totale indifférence. L'ambiance est délétère dans les ports de la wilaya de Tipasa.