Le verdict du bureau politique de Talaie El Houriat, réuni hier à Alger, sur l'évaluation de la situation politique, économique et sociale, est sans appel. «L'adoption par l'Assemblée populaire nationale des deux lois organiques portant sur le régime électoral et la création de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, des deux projets de loi élargissant le droit de réserve des personnels militaires, des officiers de réserve, ainsi que les officiers supérieurs et officiers généraux, et la campagne de restriction des droits et des libertés, notamment celles afférentes à la liberté d'opinion, à la liberté de la presse et au droit à l'information sont, selon le parti de Ali Benflis, autant d'indices qui obscurcissent l'horizon politique algérien.» Dans un communiqué rendu public à l'issue de sa réunion, le bureau politique de Talaie El Houriat souligne que les projets de loi sur le régime électoral et sur la création d'une prétendue Haute instance indépendante de surveillance des élections sont «destinés à avoir de graves répressions attentatoires à l'intégrité du pluralisme politique et à la sincérité des processus électoraux dans le pays». «Sa finalité, explique le parti de l'ex-candidat à l'élection présidentielle d'avril 2014, est de permettre au régime politique en place de procéder à une reconfiguration autoritaire du paysage politique national de nature à conforter son emprise hégémonique et ses visées totalitaires sur tous les segments de la vie politique nationale et à le munir des moyens nécessaires à sa pérennité et à sa survie.» «Si ce même projet de loi obstrue toute perspective d'émergence d'une opposition nationale effective comme l'exige toute vie démocratique digne de ce nom, il porte aussi, indique la même source, le coup de grâce au principe de l'alternance au pouvoir et met le régime en place en position de se reproduire et de se reconduire non par des procédés politiques, mais seulement par les leviers de la violence politique qui lui assure sa mainmise sur toutes les institutions et les appareils de l'Etat.»Talaie El Houriat, qui exprime «sa forte réprobation de ce projet de loi qui éloigne dangereusement le pays de l'objectif de construction d'un Etat de droit», met en garde contre «ces dérives antidémocratiques par lesquelles le régime politique en place croit s'accorder des sursis mais qui sont immanquablement destinées à exacerber l'impasse politique, économique et sociale actuelle et à différer l'insigne urgence de sa prise en charge». Pour le parti de Ali Benflis, «rien n'est plus dérisoire que ces mesquineries politiciennes qui accaparent l'attention du régime politique en place alors que l'Etat national se délite dangereusement, que l'économie nationale est dans un état de perdition avancée et que la déstabilisation sociale se rapproche à grands pas». Concernant le projet de loi organique relatif à la création «d'une prétendue Haute instance indépendante de surveillance des élections après son adoption par l'Assemblée populaire nationale», Talaie El Houriat se dit préoccupé. Selon lui, «à la différence des autres instances similaires créées dans le monde et même dans le voisinage immédiat du pays à l'effet d'assurer la transparence des processus électoraux et de réunir les conditions d'une véritable vie démocratique, l'instance de surveillance des élections envisagée par le régime politique en place ne procède tout au plus que d'un ravalement de façade destiné à sauvegarder et à perpétuer la tricherie politique et la fraude électorale dont dépendent de manière vitale la survie et la pérennité de ce régime». «Le régime politique est déterminé à reconduire la triche et la fraude électorale» Si ce dernier «était rassuré quant à sa légitimité, sûr de sa représentativité et convaincu de sa crédibilité dans la société, il ne se serait jamais révélé aussi réfractaire à l'idée de la création d'une instance de préparation, d'organisation et de contrôle des élections et intransigeant dans son refus de lui reconnaître l'indépendance à l'égard de l'appareil politico-administratif que l'accomplissement de ses missions requiert». Pour le bureau politique de Talaie El Houriat, «la forte insistance du régime politique en place à exclure totalement l'instance de préparation et d'organisation des futures échéances électorales n'est en soi qu'une reconnaissance par ce régime de son intention et de sa résolution à persister dans le recours à la tricherie politique et à la fraude électorale à l'occasion des futures échéances électorales.» «Cette instance, ajoute la même source, n'aura de pouvoir que celui de conférer un habillage de légalité au fait accompli que le régime politique en place aura imposé dans les phases de préparation et d'organisation des scrutins à venir et qui en prédéterminent l'issue.» Dénonçant avec une extrême vigueur le maintien et le renforcement du monopole de l'appareil politico-administratif fraudeur sur la préparation et l'organisation des processus électoraux, le bureau politique du parti de Ali Benflis a conclu, en effet, «à la détermination du régime politique en place à reconduire la tricherie politique et la fraude électorale à l'occasion des prochains scrutins, retardant d'autant l'avènement d'institutions légitimes dans le pays et exacerbant, de ce fait, l'impasse politique actuelle dont l'une des causes principales réside dans l'absence de légitimité et de représentativité des institutions républicaines». Talaie El Houriat souligne par ailleurs «le raidissement autoritaire du régime politique en place» et relève avec une profonde préoccupation «sa tendance manifeste à se diriger vers une reconfiguration du paysage politique national conforme à ses seuls intérêts et desseins vers l'imposition d'un pluralisme politique dévoyé et frappé du sceau du clientélisme, de la compromission et de l'allégeance et vers davantage de restrictions des droits politiques et civiques ainsi que des libertés fondamentales, notamment la liberté d'opinion, la liberté de la presse et le droit à l'information». Il considère que «les assauts répétés contre certains médias indépendants allant jusqu'à des incarcérations arbitraires, de même que l'élargissement du droit de réserve des officiers supérieurs et officiers généraux s'inscrivent dans la volonté manifeste du régime politique de procéder à une reprise en main autoritaire de la société civile comme de la société politique et les soumettre à son emprise hégémonique».