Carnage, horreur absolue, folie meurtrière. Les mots n'étaient pas suffisants pour qualifier cet acte «ignoble» et «lâche», mais qui ne fera jamais «reculer la France», selon le président François Hollande qui a décidé de prolonger l'état d'urgence de trois mois et de faire appel aux réservistes pour épauler les forces de sécurité dans leur lutte contre le terrorisme. «A Nice cette nuit, un camion a foncé sur la foule rassemblée pour le feu d'artifice du 14 Juillet avec l'intention de tuer, d'écraser et de massacrer. Nous déplorons, à l'instant où je parle, 84 victimes, dont plusieurs enfants et une vingtaine de blessés dans une urgence absolue. Cette attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié, est encore une fois d'une violence absolue», a déclaré, hier matin, le président français très ému. M. Hollande, qui est rentré en urgence dans la nuit de jeudi à vendredi de province à Paris pour présider la cellule de crise mise en place au ministère de l'Intérieur, a annoncé un deuil de trois jours (16, 17 et 18 juillet) en hommage aux victimes qui ont péri dans l'attentat. La ville de Paris a décidé de son côté de mettre les drapeaux en berne. Selon les premiers éléments de l'enquête, le jeune Franco-Tunisien qui a commis l'attentat est originaire d'un quartier populaire situé à l'est de Nice et serait un discret sympathisant du groupe Etat Islamique (EI), mais qui n'a jamais été fiché par les services de sécurité. Scènes d'horreur Ce dernier, pour rappel, a foncé à vive allure avec un gros camion blanc sur les touristes qui étaient en train d'admirer le feu d'artifice tiré sur la promenade des Anglais, principale artère de la ville, à l'occasion de la fête du 14 Juillet. Il a écrasé tous ceux qui se trouvaient sur son passage sur près de deux kilomètres. Certains témoins l'auraient entendu crier «Allah Akbar» au moment où il tirait sur la foule avec un pistolet et avant que la police ne l'abatte et mette fin à la course effrénée et meurtrière de son camion. Sitôt le carnage commis, la police a mis en place un périmètre de sécurité et bouclé les accès aux lieux du drame. Les témoignages recueillis sur place décrivent une scène d'horreur, digne d'une guerre. Affolés, les gens couraient dans tous les sens, incapables de savoir ce qui se passait exactement autour d'eux. Des dizaines de corps inanimés étaient à même le sol. Certains étaient recouverts de nappes blanches en guise de linceul, d'autres avaient le visage découvert et gisaient dans des mares de sang. Les ambulances, toutes sirènes hurlantes, faisaient des allers-retours pour transporter les blessés, dont de nombreux enfants, en vue de recevoir les premiers soins dans les hôpitaux de la région. Le «plan blanc» a été décrété et tous les services de sécurité ont été réquisitionnés. «C'est un jour de deuil pour la ville de Nice et ses habitants, a réagi hier matin l'ancien maire de la ville, Christian Estrosi. Mes pensées vont aux familles des victimes et à tous ceux qui ont perdu ou sont restés sans nouvelles de leurs proches. C'est la pire attaque que Nice a vécue.» De son côté, et à l'issue du conseil de défense tenu hier matin à Paris, le Premier ministre Manuel Valls a condamné l'attentat «abject» qui a visé de paisibles citoyens, assurant que «la France ne va pas se laisser abattre et les menaces terroristes ne lui feront jamais peur». Condamnation internationale Dès l'annonce du massacre, un élan de solidarité sans précédent est né sur les réseaux sociaux, où des centaines d'appels à identifier les victimes ont été postées. Des familles, n'ayant pas vu leurs membres revenir le soir à la maison, ont publié des photos sur le réseau twitter, demandant à toute personne les ayant vus de prendre attache avec elles. Idem pour la préfecture des Alpes-Maritimes qui a mis en place deux numéros verts pour permettre aux uns et aux autres de donner des nouvelles ou recueillir des informations. A l'étranger, la condamnation de cet acte a été unanime. D'abord en Italie voisine, où les autorités ont renforcé la surveillance de la frontière avec la France pour parer à toute éventualité. L'ensemble des présidents et chefs de gouvernement européens ont également condamné le crime perpétré à Nice et assuré à la France leur soutien indéfectible face au terrorisme. Outre-Atlantique, le président américain Barack Obama a, dans un message sur les réseaux sociaux, condamné l'attentat de Nice et offert l'aide de son pays à la France, «le plus vieil allié des Etats-Unis» a-t-il déclaré. Partout ailleurs, des hommages dans les ambassades de France dans le monde ont eu lieu hier. Les gens sont venus spontanément déposer des fleurs en hommage aux victimes niçoises et en signe de solidarité avec la France qui vit son deuxième plus grand drame après celui du Bataclan en novembre 2015 qui avait fait 130 victimes. Dans le Monde arabe, les condamnations ont été aussi unanimes. De Riyad à Abu Dhabi en passant par le Caire et jusqu'à Rabat, les régimes arabes, dont certains ont longtemps soutenu indirectement l'Etat islamique, ont condamné l'attentat de Nice et ont assuré la France de leur soutien. En France, la Mosquée de Paris a, dans un communiqué, exprimé «son immense émotion et sa consternation face à la terreur d'un forcené terroriste qui a frappé la ville de Nice» et a appelé à «l'unité de tous les citoyens dans cette nouvelle terrible épreuve qui a endeuillé toute la communauté nationale». Des musulmans seraient parmi les victimes. Impuissante, la ville de Nice ne sait pas quoi faire face au phénomène de radicalisation qui touche nombre de ses habitants, notamment les plus démunis. Malgré une politique ultrasécuritaire poursuivie par les autorités, la cinquième ville de France en termes de nombre d'habitants renferme en son sein de nombreux foyers d'activistes islamistes radicalisés. Certains ont pu rejoindre les rangs de l'EI en Syrie et en Irak, tandis que d'autres auraient reçu des consignes d'opérer localement.