Le Jardin des femmes est une très particulière action menée à Oran en faveur notamment des migrantes, mais aussi des Algériennes qui peuvent se retrouver en difficulté. Le projet, prévu pour durer jusqu'en 2018, est coordonné par l'organisation Médecins du monde (MDM), qui s'est associée avec Caritas (œuvres de bienfaisance menées par l'Eglise) et trois associations domiciliées à Oran, que sont Fard (Femmes algériennes revendiquant leurs droits), Chougrani et l'APCS (lutte contre le sida). Mardi a eu lieu la cérémonie d'inauguration en présence de quelques invités et représentants de la population des migrantes. Le lieu où est implanté le Jardin est situé du côté d'Eckmühl et appartient au diocèse d'Oran, qui l'a défriché avant de le céder pour les besoins du projet. «C'est parti du principe de la situation de fragilité des migrantes, car elles sont le maillon faible du phénomène de l'émigration», indique Jean Paul Vesco, évêque d'Oran, précisant toutefois que «l'idée n'est pas de se substituer aux pouvoirs publics ou à ce qui existe déjà mais au contraire de donner l'information pour accompagner celles qui sont dans le besoin pour accéder aux hôpitaux, aux centres de soins, les informer sur un certain nombre de sujets qui peuvent les intéresser, etc.». Le Jardin est une friche sur laquelle on a construit des chalets car il répond aussi à un autre souci exprimé. «On s'est rendu compte qu'il fallait un lieu exclusivement pour les femmes, où elles peuvent se rencontrer en dehors de toutes les pressions qu'elles peuvent subir dans leur vie quotidienne, un échange et une écoute pour faire un peu le bilan de leur situation», poursuit Jean Paul Vesco qui insiste sur le caractère humanitaire de l'action. Sans doute de par leur confession, certaines femmes migrantes sollicitaient l'Eglise depuis longtemps et c'est grâce au travail qu'effectue Caritas, que le chemin de MDM, qui était déjà sur un autre travail spécialement destiné aux femmes, a été croisé. Les relais communautaires, c'est-à-dire des migrants et migrantes, qui sont des interlocuteurs particuliers, ont mis en lien les deux instances, qui ont décidé d'œuvrer ensemble, mais en impliquant des organisations de la société civile locale. «L'idée de cet endroit est de créer un pont entre une population qui jusque-là n'avait pas accès à l'information et un système de santé qui existe mais qui ne reçoit pas ce genre de population parce qu'elle ne se présentait pas», explique pour sa part Feriel, coordinatrice du projet pour MDM, précisant que la création de ce «Jardin des femmes» est «motivée aussi par la nécessité d'offrir un espace de concertation avec la société civile oranaise, un lieu de rencontres, où chaque association avec son expertise va proposer ses services à des bénéficiaires qui, jusque-là, n'avaient accès ni au système de santé ni à ces associations qui sont en mesure d'apporter des aides précieuses comme l'assistance psychologique ou même juridique». Le projet prendra fin en 2018, mais le lieu demeurera au service de ces femmes en difficulté, parfois victimes de violences. Parmi les migrantes qui ont assisté à l'inauguration, Denise est à Oran depuis 5 ans. Pour survivre, elle revend des produits qu'elle ramène du Cameroun, comme le poisson fumé ou des fruits secs, mais aussi des tresses qu'elle confectionne pour d'éventuelles clientes qu'elle reçoit là où elle réside. Josseline, elle, survit grâce aux travaux de ménage qu'elle effectue chez des particuliers. «C'est, indique-t-elle, difficile de trouver un travail stable et c'est pour cela qu'on se contente de ce qu'il y a pour survivre». Elle estime que le salaire qu'elle perçoit n'est pas suffisant mais reconnaît que ses «employeurs» sont corrects, car ils payent ce qu'ils ont promis. Nadia, qui n'est là que depuis deux mois, fait remarquer que ce sont plutôt les femmes qui ont du mal à trouver du travail, contrairement aux hommes qui se font par exemple embaucher dans les chantiers de construction. Lors de la cérémonie d'inauguration, toutes ont eu des réponses à leurs questions et ce que le Jardin peut leur offrir comme services, mais il reste à faire connaître l'endroit à celles nettement plus nombreuses qui sont éparpillées un peu partout dans la ville.