Une rencontre avec l'anthropologue Jane E. Goodman a été organisée, hier, par l'Unité de recherche sur la traduction et la terminologie (URTT/CRASC) autour de la société algérienne dans sa diversité culturelle. Chercheure associée à l`Indiana University of Bloomington (USA), Dr. Goodman a partagé une synthèse de son expérience en région de Kabylie et à Paris avec les chercheurs du CRASC, de l'URTT et de l'UCCLLA. En effet, cette anthropologue amoureuse de la culture amazigh a séjourné en Kabylie en 1992-1993 en apprenant le tamazight pour mener ses études tout en vivant la culture au quotidien. «C'est une approche d'observation-participante, une méthode de recherche en anthropologie qui m'a permis de participer à la vie quotidienne où j'ai été très bien accueillie. Je me sentais en sécurité, respectée et protégée», dira-t-elle. Jane Goodman a également appris «derja», l'arabe en plus du français et de l'espagnol. Elle a consacré ses recherches à une Algérie sous-tension pour comprendre comment une culture considérée comme minoritaire puisse devenir universelle et comment s'en sort-on sur le plan identitaire dans une société en période postcoloniale. Une interrogation qui se pose quand elle découvre pour la première fois la chanson «A vava inouva» dont elle fera l'analyse anthropologique vingt ans plus tard et qui l'emmène même jusqu'à chanter dans une chorale avec Aït Menguellet. Elle se mit également à la collecte des textes de chansons, de poésies, de proverbes et d'histoires amazighs, en produisant plusieurs publications scientifiques, critiquant même l'esquisse de l'ethnologue français Pierre Bourdieu sur la Kabylie. Aujourd'hui, celle qui a été contrainte de quitter l'Algérie dans la décennie noire, suite à la fatwa sur le départ des étrangers, est revenue pour un travail artistique qui consolide son œuvre de recherche en même temps. Elle a rencontré Rihab Alloula, chercheure également et artiste, une femme partageant la même passion pour l'humain, l'art et la culture avec la sensibilité nécessaire pour voir le monde d'un œil différent sortant des sentiers battus. Rihab qui a animé la rencontre, se produira aux Etats-Unis d'ici la fin de l'année avec sa troupe théâtrale Istijmam avec une pièce de feu Alloula, traduite en anglais grâce au concours de chercheurs et d'artistes dont certains sont les deux à la fois.