Minée par des conflits durables, l'Afrique présente l'image d'un continent voué à la régression. En dépit des immenses ressources naturelles dont ils disposent, la plupart des pays africains ne parviennent pas à sortir leurs populations du dénuement, préférant consacrer leur maigre potentiel économique à entretenir, ou à provoquer, des guerres interminables. Cette déstabilisation permanente du continent africain profite aux marchands d'armes et aux apprentis sorciers qui n'ont jamais admis la décolonisation de pays dont ils avaient mis en coupe réglée les formidables richesses. Ce qui explique la résurgence des contentieux tribaux, voire la tentation du séparatisme qui déchire actuellement un certain nombre de pays africains sans que la communauté internationale puisse intervenir. A cet égard, les foyers de forte tension ne manquent pas en Afrique et le plus récurrent d'entre eux est sans nul doute celui du Darfour, véritable poudrière, dont l'explosion peut entraîner des effets catastrophiques sur les pays voisins du Soudan. A commencer par le Tchad où les indices d'une ébullition concoctée de longue main apparaissent à l'évidence. Du coup, c'est tout le Sahel qui serait menacé d'embrasement pour le plus grand bénéfice de seigneurs de guerre qui dominent les trafics en tous genres de part et d'autre de frontières qui n'ont pas empêché une inquiétante marge de manœuvre pour des groupes terroristes qui ont choisi le sud du Sahara comme base de repli. La question qui se pose alors est celle de savoir qui attise le feu dans des pays qui ont des frontières communes avec l'Algérie ou n'en sont pas loin. Aux catastrophes naturelles, qui ont mis à mal des pays économiquement exsangues, s'ajoutent les actions de sape de groupes occultes qui travaillent à redéployer l'hydre du terrorisme dans nombre de pays africains. En filigrane de ces velléités de redéploiement, le risque qui se dessine est celui de voir se réveiller dans la région les vieux démons du confessionnalisme, qui pourraient servir à allumer d'autres brasiers en Afrique. Un continent qui paye au prix fort la fatalité de guerres civiles le plus souvent suscitées, tant il est vrai que les convoitises, sur les gisements de son sous-sol, n'ont jamais été aussi avérées que depuis les indépendances nationales qui ont fragilisé les pays africains soumis au règne de la mauvaise gouvernance et à la corruption, mal endémique dont l'Afrique tarde tragiquement à guérir.