Les ministres africains de l'Energie ont présidé hier à Alger la naissance d'une organisation à même de prendre en charge cet important vecteur de développement. L'Afrec a été officiellement lancée hier à la conférence des ministres de l'Energie des pays membres de l'Union africaine. L'Afrique sera désormais dotée d'un organisme représentatif en matière d'énergie. Il y a lieu de mentionner que notre continent est la seule région productrice d'énergie qui ne dispose pas d'une structure en mesure de la représenter et d'encadrer ses activités. L'idée de mettre en place une telle structure date des années 80 voire des années 70. Sa concrétisation a emprunté un long chemin. Ce n'est qu'en 2001 que l'Afrec est entrée de plain-pied dans les préoccupations des dirigeants africains. Il fallut néanmoins attendre près de 7 ans pour voir cette structure officiellement constituée dans l'attente de sa pleine mise en oeuvre. Dans le schéma énergétique actuel, l'Afrique figure en position de faiblesse. Ses petits moyens d'exploitation, son maigre taux de consommation en énergie en dépit d'une grande productivité, l'avidité des pays consommateurs et leur convoitise vis-à-vis de ses ressources participent à mettre en péril les agios et le développement de ce continent. L'affrontement de toutes ces menaces, au regard des moyens dont disposent les pays africains, ne peut se faire individuellement. On dit bien «l'union fait la force». C'est de là justement qu'émerge l'idée de créer une organisation capable de défendre les intérêts de l'Afrique. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, Hussein Elhag, président exécutif de l'Afrec, Moussa Baba, représentant de l'Union africaine, Bernard Zoba, commissaire chargé des Infrastructures et de l'Energie à la Commission de l'UA, semblent tous confiants quant à l'essor de cette organisation. Ils ont affirmé que son rôle sera influent sur la scène mondiale. L'Afrec est censée entretenir une double mission, la première sur le plan africain et la seconde sur le plan international. Sur le plan africain, elle est supposée oeuvrer à la coordination entre les pays africains. Dans ce cadre, elle s'est fixé l'objectif de la création d'une base de données en matière d'énergies accessibles aux pays africains. Elle se chargera, en outre, de l'élaboration d'études et de stratégies de projets inter-africains. Le financement des projets entre également dans ses attributions. En outre, l'accessibilité à l'énergie parmi les populations africaines figure en première ligne de ses préoccupations. Actuellement, la situation en matière de consommation d'énergie est alarmante, 50% des ressources d'énergie utilisés par les Africains sont primitives: bois et charbon. Cela crée un vrai paradoxe puisque le continent figure parmi les grandes régions productrices. Sur le plan des rapports entretenus avec les pays du reste du monde, l'organisation défendra la cause de ses membres. L'Afrec tend à jouer un rôle équivalent à celui des autres organisations spécialisées de par le monde et pourquoi pas faire du lobbying pour l'Afrique. Préférant se montrer prudents, les responsables de l'Afrec s'abstiennent de confirmer cette thèse. Il est utile de rappeler que les pays africains projettent de coopérer avec ceux du continent sud américain. Une organisation dénommée «Afrolac» regroupant les pays d'Afrique et d'Amérique latine constituera la passerelle entre les deux continents. «L'Algérie s'honore d'être à l'origine de la création de l'Afrolac», a indiqué à ce propos, M.Chakib Khelil. La réunion constitutive de l'Afrolac s'est tenue à Alger en février 2007, rappelle-t-on, alors que la 2e Conférence ministérielle est prévue pour le 3 avril prochain au Mexique. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines a saisi l'opportunité de la présence des ministres africains pour souligner l'importance de la prochaine rencontre de Mexico et l'intérêt d'y prendre part massivement. Pour revenir à l'Afrec, le projet de déclaration d'Alger a prévu la mise en place du conseil exécutif et de l'organe consultatif technique, au plus tard à la fin 2008. La même date est prévue pour l'élection du directeur exécutif de l'Afrec qui succédera à Hussein Elhag. D'autre part, les participants ont estimé que le budget consacré au financement de la structure est insuffisant. Le projet de déclaration d'Alger nécessite, en outre, une augmentation des ressources financières pour la mise en oeuvre de son plan d'action. L'Union africaine prendra en charge une partie du financement -estimée à 70.000 dollars- de l'Afrec, rappelle-t-on. Les membres de la commission assureront, pour leur part, la partie restante.