Les prix des loyers sont toujours excessifs. L'offre n'est pas toujours satisfaisante et les locataires sont parfois arnaqués par les propriétaires et les «smasria» (intermédiaires) qui activent même ces mois d'été. «J'ai dû faire intervenir des amis de la famille pour me trouver un studio à Tipasa, qui est en réalité une seule chambre-cuisine un peu spacieuse pour 10 000 DA la nuit. Le propriétaire, qui a retapé une immense carcasse, a loué tous les étages. Il a même aménagé ses garages pour recevoir les familles», raconte Salem, cadre d'une entreprise privée et résidant à Ouled Yaïch (Blida). Après une quinzaine de jours, le jeune trentenaire a eu droit à une énorme surprise : «Le propriétaire n'avait pas payé les factures de consommation. J'étais obligé, avec mon voisin de palier, de payer de ma poche et me faire rembourser à la fin du séjour par notre hôtelier occasionnel.» Les prix des loyers de courte durée, comme les appellent les professionnels, sont «stables» mais restent toujours «inabordables». «Les loyers varient entre 5 et 15 000 DA la journée. Les prix sont restés stables en comparaison avec l'année dernière», estime Menaceri Noureddine, chargé de l'administration à la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI) et lui-même agent à Constantine. A quoi est due cette situation ? A la règle de l'offre et de la demande. Mais aussi à l'impréparation de l'estivant algérien. «Je fais remarquer que l'Algérien prépare ses vacances ‘‘au jour le jour''. Généralement, il préfère préparer son congé la veille. Il y a exceptionnellement des régions où la fidélité à certains clients existe, comme c'est le cas à l'Est, à Jijel, Béjaïa ou Collo», précise M. Menaceri. Les «smasria» qui activent beaucoup en ces jours de l'année bousculent les agents immobiliers, qui eux préfèrent garder leur barème de 10% de bénéficie. «Il y a une pratique qui s'est mise en place à Jijel, Aïn Témouchent, par exemple, où le semsar loue lui-même un lieu pour les mois de juillet et août et sous-loue le bien en augmentant le bail à presque le double», signale l'agent immobilier. Location ordinaire, le «creux» Qu'en est-il de la location ordinaire durant la période estivale ? Il y a, selon certains échos, une «légère» baisse des loyers due aux réticences des clients et à une certaine abondance de l'offre provoquée par les programmes publics livrés ces derniers mois. «La location concerne principalement les étudiants en fin de cursus universitaire et les nouveaux mariés. Il s'avère que ces catégories n'ont pas un budget conséquent pour louer. C'est connu, il y a toujours eu une période creuse au niveau des agences durant les mois de l'été. Mais il y a toujours eu une flambée des loyers. L'offre reste moins importante que la demande quoi qu'on dise. D'ailleurs, dans certaines situations, les propriétaires revoient à la hausse leur prix quand ils remarquent qu'il y a une forte demande sur leur bien», constate M. Menaceri. Les prix varient actuellement entre 25 et 30 000 DA pour les F3 voire même les F2. «A la nouvelle ville de Constantine, il arrive que l'on trouve des appartements à un prix moindre. Mais la tendance est toujours à la hausse, que ce soit à l'Est, dans des villes comme Sétif, Annaba, Constantine, mais aussi au Centre. J'ai constaté cependant un relative baisse à Blida pour des facteurs qu'il m'est impossible de cerner», poursuit-il.
Le ministère de l'Habitat n'intervient pas sur les loyers Quelles sont les perspectives du marché locatif pour les prochains mois ? «A ce rythme, les prix ne feront qu'augmenter», tranche Menaceri Noureddine, chargé de l'administration à la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI). Des propositions ont été soumises par la FNAI à la tutelle, le ministère de l'Habitat pour maîtriser les prix. Il s'agit de favoriser le crédit immobilier par des banques pour rassurer les propriétaires. «Les gens redoutent l'utilisation du chèque. Ils ne consentent jamais à passer par les banques, pensant éviter la traçabilité. Pourtant, les gens ignorent que la loi n'impose aucune taxe à un propriétaire qui loue un F3 de 80 m2 à usage d'habitation. Au-delà de cette superficie, une taxe de 7% est imposée au propriétaire. Une taxe de 15% est également exigée de celui qui loue tout bien à usage commercial», précise le membre de la Fnai. La prise en compte du système du «garant» est aussi proposée par la fédération. Avant la signature du bail d'habitation, les propriétaires exigent la caution d'un tiers pour la location d'un logement. Aucun écho à ce jour des responsables de l'Habitat.