Au lendemain de l'annonce officielle par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) de la reprise de la totalité des actions d'ArcelorMittal Algérie (AMA), ArcelorMittal Tébessa (AMT) et ArcelorMittal Pipes & Tubes Algérie (AMPTA), les assemblées générales extraordinaires se sont multipliées pour appliquer toutes les résolutions du CPE portant référence 04/149 du 25 juillet 2016. Première sentence : les cadres d'ArcelorMittal Holding AG quittent l'Algérie. Ainsi, un nouveau directeur général, en la personne de Laskri El Hadi, a remplacé Kulkari Mukund à la tête de Sider El Hadjar, la nouvelle entité sociale du complexe sidérurgique. La cérémonie d'installation du nouveau directeur général s'est déroulée en présence du président du conseil d'administration et du secrétaire général du partenaire social de l'entreprise. Dans une de ses révélations à El Watan, Smaïl Kouadria, ex-secrétaire général du syndicat d'ArcelorMittal Algérie (AMA) et député PT, a critiqué les pouvoirs publics quant au départ, sans compte rendu, du géant mondial de la sidérurgie après une présence de 15 ans dans le pays. Selon lui, «bien que l'Algérie soit prémunie dans l'accord d'octobre 2013 préparé en mai 2013 par des experts sous la conduite de l'ex-ministre de l'Industrie Cherif Rahmani, prévoyant qu'ArcelorMittal s'engage à rester dans le capital de sa filiale algérienne pour une durée minimum de 7 ans, les pouvoirs publics n'ont rien fait en conséquence. Il était prévu qu'en cas de désengagement, la cession des actifs (49%) se ferait sur la base d'un prix prédéfini dans l'accord. Ce prix est conditionné à la réalisation de bénéfices durant les trois années qui précèdent la sortie. Or, AMA n'a pas résisté à cette longue période, encore moins réalisé des bénéfices depuis. Elle a eu le feu vert de partir sans débourser un sou.» Avocat d'affaires et expert en arbitrage économique, Nasreddine Lezzar s'interroge : «Pourquoi l'Etat algérien a-t-il préféré accepter un divorce à l'amiable, ce qu'il aurait pu obtenir gratuitement avec des dédommagements en sus, en faisant jouer les mécanismes juridiques prévus en cas de non-respect des engagements contractuels ? On nous chante, telle une sérénade, que la cession des actions est gratuite. Nous devrions même nous incliner de gratitude devant ce capitaliste qui nous cède gracieusement ses actions dans une société qu'il a mise aux abois et vis-à-vis de laquelle il n'a tenu aucun engagement, notamment ceux prévus dans le business plan. Mais enfin, à y voir de plus près, céder ses actions dont la valeur est laminée par la déconfiture du groupe au plan international et se retrouver dans une société recapitalisée à travers un contrat d'assistance technique (2015-2016) est plutôt une bonne affaire pour ArcelorMittal. Que pouvait espérer de plus Lakshmi Mittal ? Un retrait embarrassant qu'il présente comme une œuvre de mécène.» Du côté des mines de Tébessa, l'ex-AMT est devenu Mines de fer de l'Est (MFE) dont le nouveau directeur est de la boîte. Il s'agit de M. Messaadia, l'ex-directeur technique d'AMT. Première mission : établir un plan de redressement et de développement dans un délai record pour approvisionner en minerai de fer le haut fourneau, sachant que le ministre de l'Industrie et des mines a annoncé son redémarrage pour le mois d'octobre prochain. Dans sa 9e résolution, le CPE a chargé, le 25 juillet 2016, le ministère de l'Industrie et des Mines de procéder à la répartition des 49% des actions reprises dans la société AMT entre le groupe Manal et groupe Imétal. Mais le transfert de ces actifs pose problème tant que la réorganisation de ce dernier n'a pas été juridiquement concrétisée, depuis sa création en février 2015 à ce jour. Enfin, ArcelorMittal Pipes & Tubes Algérie a été rebaptisée Sider TSS. Pour le reste, rien de changé, du moins pour l'instant tant que le directeur, M. Benamor, est un cadre algérien.