Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il reste l'une des figures qui ont marqué le XXe siècle. Fidel Castro vient de célébrer ses 90 ans sans faste ni manifestation grandiose. L'homme qui a défié l'Amérique, considéré comme un grand révolutionnaire par les peuples du Tiers-Monde et comme un despote par certains pays occidentaux, reste pour l'histoire le Barbudos de la Sierra Maestra, ces montagnes cubaines à partir desquelles il a dirigé les guérillas contre la dictature de Joao Batista jusqu'à son renversement et sa fuite en 1979. Une victoire illustrée par son entrée triomphale à La Havane avec, à ses côtés, Ernesto Che Guevara. Rares sont les leaders qui ont été tant aimés par leur peuple avec une grande ferveur comme Fidel Castro. Il a osé défier les Etats-Unis voisins qui, en réponse, ont soumis Cuba à un embargo total qui a éprouvé durement les populations civiles. Le «Lider Maximo» lui-même a été victime de plusieurs complots américains visant à l'assassiner. Washington a été jusqu'à organiser une tentative de débarquement dans l'île, plus connue sous le nom de l'«affaire de la baie des Cochons», avec le concours de contre-révolutionnaires cubains. Une affaire qui, plus tard, a débouché sur ce qu'on a appelé la «crise des missiles» et qui a failli tourner à l'affrontement nucléaire entre les Etats-Unis et l'URSS. Malgré l'embargo, l'île n'a jamais plié. Sa réussite est incontestable dans plusieurs domaines. La santé est gratuite pour tous les Cubains qui sont fiers de leur système, cité en exemple dans le monde entier au point que les services rendus par les médecins cubains à travers le monde, y compris en Algérie, sont unanimement salués. Malgré la pauvreté et le manque de matières premières, Cuba s'est dotée de la plus puissante armée des deux Amériques après celle des Etats-Unis. Et cette armée a fait ses preuves en Angola, dans les années 1970, quand elle a stoppé l'agression sud-africaine. Une autre manifestation de l'internationalisme de la Révolution cubaine. Le peuple cubain, pauvre mais fier, n'a jamais raté une occasion pour manifester son attachement à son leader, son respect pour sa probité morale et intellectuelle, son combat contre la corruption. Pour les Cubains, il a bâti un grand pays et ne s'est pas accroché au pouvoir, qu'il a abandonné en 2006 pour raisons médicales. Pour les Algériens, Castro demeure un ami et un frère. Il a avec l'Algérie des relations spéciales au point que pour fêter ses 90 ans, il a revêtu un survêtement de l'équipe nationale algérienne. On ne peut pas oublier l'accueil qui lui a été réservé en 1970. La foule était tellement dense et joyeuse, rue Didouche Mourad, que lui et Boumediène ont été obligés d'abandonner le véhicule officiel pour terminer le trajet à pied, mêlés à la population en fête. Un autre grand compagnon, Che Guevara, bénéficie lui aussi d'une immense popularité chez les Algériens. En tant que ministre de l'Industrie, il a effectué plusieurs visites dans notre pays au lendemain de l'indépendance. Le héros de la lutte anti-impérialiste a laissé des souvenirs indélébiles. Castro est et restera un grand homme admiré par les progressistes du monde entier. Il a marqué son époque.