Un à un, nos athlètes engagés à Rio sont expulsés de l'arène olympique sans gloire ni couronne. Après onze jours de compétition, seul un éclair de Taoufik Makhloufi a mis de l'émotion parmi les Algériens sans toutefois parvenir à se couvrir d'or tel que son statut particulier le laissait envisager. Une médaille argentée diversement appréciée par l'opinion publique. Certains vous diront qu'une médaille d'argent c'est toujours bon à prendre, sauf que dans l'épreuve pour laquelle il s'est essentiellement préparé, le 800 mètres, cela résonne comme un échec. Depuis l'Antiquité, les peuples n'ont fêté que les vainqueurs et l'histoire des Jeux olympiques modernes ne retient que les noms des médaillés d'or et encore plus ceux-là mêmes qui ont mis à leur compte des records retentissants (Jesse Owens, Carl Lewis, Mark Spitz, Michael Phelps, Nadia Comaneci, Terry Riner, Usain Bolt, etc.). A 28 ans, Taoufik Makhloufi a des dispositions athlétiques remarquables et mérite d'inscrire son nom dans le gotha de l'athlétisme mondial, comme l'ont fait avant lui Noureddine Morceli et Hassiba Boulmerka. Mais force est de constater que pour le palmarès international de l'athlétisme algérien, l'enfant de Souk Ahras n'a pas eu la main heureuse, n'accordant d'attention et ne se préparant uniquement qu'aux joutes quadriennales. Des moyens importants lui ont été consacrés depuis ses JO glorieux de Londres pour jouir d'une préparation VIP. Le staff technique, en l'alignant simultanément sur deux courses, n'a-t-il pas fait l'erreur de surestimer ses capacités physiques ? Après son mitigé 800 mètres et le piège kenyan qui l'a beaucoup éprouvé, dans quel état physique et psychologique notre demi-fondiste national parviendra-t-il à la finale du 1500 mètres, dans trois jours, sachant qu'il aura à subir deux tours préliminaires guère de tout repos et qu'il aura peut-être à faire face à une période de décompression ? C'est sur cette distance qu'il a, en principe, le plus de chances de garder ses lauriers olympiques acquis quatre ans auparavant. Si tel ne pouvait être le cas, gageons que les spécialistes ne gâcheront pas l'occasion de monter au créneau pour dépecer ce choix stratégique risqué… Mis à part l'intermède (toutefois assez plaisant) du circuit de Taoufik Makhloufi sur 800 mètres et sa médaille d'argent trop petite pour son statut qui a remonté, mais pas pleinement, le moral national, il n'y a plus rien, c'est le désert... Le sport algérien, ça a été maintes fois dit et écrit, n'en finit pas de péricliter faute d'une politique claire et adaptée à une jeunesse abondante mais sans prise en charge structurelle. Et ce n'est pas une médaille, même dans la couleur du plus précieux métal, qui nous fera croire que les autorités publiques accordent une attention particulière à la chose sportive, à sa pratique massive et à l'émergence continuelle de jeunes talents. Mais ceci est une autre histoire que les décideurs nationaux ne peuvent ni ne veulent assumer.