Qui se souvient de Ahmed Boughera El Ouafi, cet Algérien qui avait offert à la France une médaille d'or olympique en 1928 ? Peu de gens assurément. Pourtant, il mérite aujourd'hui hommage et réhabilitation. Comme lui, d'autres grands sportifs dans diverses disciplines ont marqué leur passage en lettres d'or dans l'histoire de cette prestigieuse compétition : Nadia Comaneci, Carl Lewis, Jesse Owens… et d'autres encore. Pour les Olympiades contemporaines, on ne peut pas parler de ce regroupement sportif mondial sans évoquer certains noms qui ont marqué cet évènement. Nadia Comaneci, la gymnaste roumaine est entrée dans l'histoire des Jeux olympiques en remportant la note maximale de 10, alors qu'elle n'avait que 14 ans et 8 mois. Elle avait atteint le sommet de la perfection à Montréal en 1976 et avait obtenu cinq médailles puis trois médailles, quatre ans plus tard à Moscou. Carl Lewis reste l'un des rares athlètes à avoir gagné une médaille d'or dans quatre jeux d'affilée. Sa razzia a commencé à Los Angeles en 1984 avec quatre titres (100m, le 200, les 4x100m et le saut en longueur). Quatre ans plus tard, il remportera l'or sur 100m (deuxième de la course mais reçoit l'or après la disqualification de Ben Johnson), l'or à la longueur et l'argent sur 200m. À Barcelone, le coureur prête main-forte à l'équipe des USA sur le 4x100m (médaille d'or) et sort victorieux du saut en longueur. A Atlanta, en 1996, il glanera le titre au saut en longueur. Le CIO lui a décerné le prix de «sportif du siècle». Avant lui, Jesse Owens gardera une place incontournable dans la légende des JO aussi bien sur le plan sportif que politique. Il avait remporté quatre médailles d'or aux Jeux de Berlin en 1936 sur 100m, 200m, relais 4x100m et en saut en longueur, rendant fou de rage Hitler qui espérait une victoire allemande. Il est considéré comme le premier sportif noir à la renommée internationale. Même s'il n'avait gagné qu'un seul titre olympique, à Séoul en 1988, Sergueï Bubka est le premier homme à avoir passé la barre des six mètres, alors que le nageur américain, qui sera présent à Rio, Michael Phelps, reste le sportif le plus médaillé de l'histoire olympique, avec 22 médailles dont 18 en or. L'américain avait déclassé la gymnaste russe, Larissa Latynina, vainqueur de 18 médailles aux JO entre 1956 et 1964 (6 à Melbourne, 6 à Rome et 6 à Tokyo). Ce record aura tenu jusqu'en 2012. Usain Bolt fait partie de ces sportifs de haut niveau qui ont gravé leur nom en lettres d'or. Le Jamaïcain est le roi incontestable et incontesté du sprint mondial en réalisant deux triplés lors des Jeux de Pékin en 2008 puis à Londres en 2012 (100m, 200m et 4x100m). A Rio, il tentera de réaliser une incroyable performance en réussissant le défi pour la troisième fois consécutive. A tout ce beau monde, on pourra rajouter des athlètes de niveau extraordinaire, à l'image de Dave Schultz, Fabio Casartelli, Samuel Wanjiru, Bob Hayes, Baron Nishi, Abebe Bikila, Masato Uchishiba, Vladimir Smirnov, El-Ouafi, Buster Crabbe, John Akii-Bua, Pal Schmitt, Fred Kelly, Steve Redgrave, Mark Spitz… et bien d'autres dont les JO retiendront les noms jusqu'à la fin des temps. Djamel O. Abebe Bikila L'homme capable de courir du lever au coucher du soleil l L'Ethiopien Abebe Bikila est né en 1932. Il intègre au début des années 50 la garde impériale, le corps d'élite chargé de la protection de l'empereur Haïlé Sélassié. Aux JO de Rome de 1960, il remporta le marathon et ouvrit la voie de la gloire olympique aux coureurs d'Afrique noire, avant de voir sa destinée brisée par un accident de voiture. La légende de "l'homme capable de courir du lever au coucher du soleil" est née. A son retour en Ethiopie, il est accueilli en héros et le Négus le récompense. Avant les JO de Tokyo 1964, il apparaît d'autant moins invincible qu'il est frappé par une crise d'appendicite à peine 40 jours avant le marathon. Portant cette fois-ci des chaussures, il part prudemment. Mais après quelques kilomètres, il se porte en tête. Personne ne le reverra plus. Il s'impose en 2 h 12 min 11 sec et devient le premier athlète à gagner deux fois le marathon olympique. Gêné par une blessure à une jambe, il doit abandonner après 17 km lors du marathon des JO de Mexico 1968. Bikila est victime un an plus tard d'un accident de la route, au volant d'une voiture offerte par l'empereur. Il en sort paralysé et ne retrouvera plus jamais l'usage de ses jambes. Le 25 octobre 1973, une hémorragie cérébrale l'emporta, à l'âge de 41 ans. L'Ethiopie pleure son plus grand athlète et lui réserve des obsèques nationales, en présence de l'empereur. R. S. Baron Nishi Le cavalier japonais aimé d'Hollywood l Seul cavalier japonais à avoir jamais remporté une médaille olympique, Takeichi Nishi est né à Tokyo en 1902. Il n'avait pas dix ans lorsque mourut son père, un ancien ministre des Affaires étrangères. Deux ans plus tard, il perdait aussi sa mère et héritait d'une gigantesque fortune familiale. Le jeune homme s'engagea plus tard dans la cavalerie japonaise, où il aimait arborer ses bottes de cheval Hermès. En 1932, il remporta les Jeux olympiques de Los Angeles. Il parti-cipa aux JO de Munich en 1936, mais ne se plaça que 20e. Celui qu'on nommait le "baron Nishi" s'était imposé au sein du cercle huppé des stars du cinéma américain mené par le couple gla-mour Douglas Fairbanks et Mary Pickford. Sa vie prit un tout autre rôle, celui d'un officier de la Cavalerie de l'armée impériale japonaise sur l'île d'Iwo Jima. En 1944, on l'envoya à Iwo Jima sous le commandement du général Tadamichi Kuribayashi, où l'année suivante, l'une des plus terribles batailles du Pacifique se déroula. Quelque 22 000 Japonais y périrent, ainsi que 6 800 soldats américains. Sa popularité était telle que, selon la légende, l'armée américaine, pendant la terrible bataille, lançait par haut-parleur des appels implorant le "baron Nishi" de se rendre. Le baron Nishi était parmi les morts. Certains disent qu'il fut tué par des tirs de mitraillette, d'autres qu'il fut brûlé vif au lance-flammes, d'autres encore qu'il se suicida avec son pistolet. Uranus, son cheval, se trouvait à Tokyo et il mourut quelques jours plus tard. R. S.. Masato Uchishiba En disgrâce pour une histoire de viol l Double champion olympique de judo et héros national, le Japonais Masato Uchishiba est tombé en disgrâce depuis sa condamnation pour viol en 2013, un choc pour les adeptes de cet art censé enseigner le respect de l'autre. Médaillé d'or en 2004 à Athènes et en 2008 à Pékin, dans la catégorie des moins de 66 kg (poids mi-léger), Uchishiba est arrêté en 2011, soupçonné de viol d'une de ses élèves de l'équipe féminine d'une université japonaise. Deux ans plus tard, il est condamné à cinq ans de prison pour avoir violé cette adolescente après une soirée karaoké arrosée, alors qu'elle s'était endormie ivre dans un hôtel de Tokyo. Uchishiba nie les faits, affirmant tout au long du procès que la jeune fille était consentante, mais le juge estime que son témoignage n'est "pas fiable". Né dans la préfecture méridionale de Kumamoto, en 1978, Uchishiba s'était lancé très jeune dans l'apprentissage de cet art martial. Et c'est dans la catégorie des moins de 66 kg qu'il va s'épanouir, devenant célèbre pour sa maîtrise des techniques d'enroulement. Et après une performance éblouissante à Athènes, il surmonte des problèmes de blessures pour défendre son titre à Pékin. Quelques mois après sa deuxième victoire olympique, il aide l'Université d'assistance sociale et d'infirmerie de Kyushu (sud) à lancer un nouveau club de judo féminin, dont il devient entraîneur en 2010. R. S. Vladimir Smirnov La mort tragique du plus élégant fleurettiste l Une lame qui se brise, un masque poreux, puis la pointe du fleuret dans le crâne : en une fraction de seconde, le destin du champion olympique soviétique Vladimir Smirnov a viré au drame à l'été 1982, dans un accident mortel rarissime en compétition. Au milieu du mois de juillet 1982, les Championnats du monde d'escrime battent leur plein à Rome. Sur la piste, Vladimir Smirnov attire les regards, auréolé du haut de son 1,84 m de son titre olympique individuel deux ans plus tôt dans la capitale russe et de son titre de champion du monde 1981 décroché à Clermont-Ferrand. Il collectionne également l'argent collectif olympique 1980 et l'or mondial par équipe 1981. Le 19 juillet 1982, l'épreuve de fleuret par équipe offre une affiche de gala dès les quarts de finale entre l'Allemagne de l'Ouest et l'URSS. Smirnov est opposé à Behr. Au cours de l'assaut, dans une attaque simultanée, la lame du fleurettiste allemand, champion olympique en 1976 avec l'actuel président du Comité international olympique Thomas Bach, se brise, transperce un masque moins sécurisé et vient se loger dans le cerveau de son adversaire. Les premiers soins sont prodigués à Smirnov, qui est transporté à l'hôpital Gemelli de Rome et plongé dans un coma. Une semaine plus tard, Smirnov décède à l'hôpital romain.