Le Premier ministre met fin aux rumeurs qui ont tenu en haleine les cercles islamistes. Dans une réponse écrite à Fateh Rebaï, député islamiste du parti Ennahda, Abdelmalek Sellal dément la suppression de l'éducation islamique des programmes. «La matière d'éducation islamique est partie intégrante du parcours scolaire obligatoire des écoliers à tous les paliers. Elle n'est pas concernée par une réduction de son volume horaire ou de son coefficient», précise le Premier ministre, faisant remarquer que pour la première fois dans l'histoire du système éducatif, le manuel d'éducation islamique est soumis à l'«approbation scientifique» du ministère des Affaires religieuses. M. Sellal précise aussi que le changement de la dénomination «éducation islamique» par «éducation morale» n'est évoquée dans aucune des structures du ministère de l'Education nationale. Selon le Premier ministre, la structure des programmes scolaires «n'a pas connu de changement» puisque la langue arabe reste celle de l'enseignement. S'agissant de la réorganisation de l'examen du baccalauréat, approuvée par les partenaires des syndicats, des associations de parents d'élèves et des experts, M. Sellal indique qu'aucune initiative visant la suppression de matières n'est à l'ordre du jour. Selon lui, la réforme de l'examen de la terminale vise à adopter des «normes internationales pour améliorer le rendement de l'écolier algérien». Tout en rappelant l'attachement des pouvoirs publics aux constantes nationales, M. Sellal affirme que le projet de réforme «vise à améliorer les performances et le niveau des apprenants sans toucher à la constitution et au contenu des programmes, basés sur les valeurs et les constantes de l'identité nationale, constituée principalement de l'islam, l'arabité et l'amazighité». Le Premier ministre précise que la mise en œuvre des programmes de deuxième génération, venus après comme «complément» des programmes de première génération appliqués dès 2003, est réalisée sous la responsabilité de la Commission nationale des programmes qui se réfère et s'appuie sur des références telles que la loi 08-04 du 23 janvier 2008 portant orientation sur l'éducation nationale. Le Premier ministre rappelle aussi au député d'Ennahda que des experts étrangers ne sont pas associés aux réformes, dont la préparation se déroule de manière «transparente» et «dans un cadre de concertation large» et avec la participation de toutes les parties concernées. Depuis l'installation de Nouria Benghebrit au ministère de l'Education nationale, les milieux conservateurs ressortent les mêmes antiennes sur une école menacée par des occidentalistes. Les courants conservateurs, inactifs depuis plusieurs années, ont accusé Mme Benghebrit de vouloir supprimer la matière éducation islamique. Des partis, des personnalités et des associations apparentées islamistes, auxquels s'est jointe l'Association des oulémas, ont dénoncé dans des déclarations publiques la volonté de l'ancienne directrice du Crasc et sociologue de l'éducation et de la commission des programmes de réduire le volume horaire de la matière éducation islamique, de supprimer l'arabe fous'ha (classique) et de promouvoir la derdja (dialectal) et le français à l'école. Des conservateurs ont annoncé, lundi, via les réseaux sociaux, l'adoption d'une «initiative algérienne pour la révision du système éducatif». Composée de représentants et de «défenseurs de la langue arabe», de syndicalistes, de personnalités, le groupe, réuni à Kouba (Alger), appelle à reporter l'examen par le gouvernement du projet de révision du baccalauréat, au maintien des «matières d'identité», à l'organisation de rencontres pour sensibiliser l'opinion sur la «dangerosité des projets à venir», au renforcement des langues qui ont «une présence international et de qualité», entre autres.