Les attaques contre la ministre de l'éducation, Nouria Benghebrit , et ses réformes ont repris de plus belle. Hier, c'était le président du Front du changement, Abdelmajid Menasra, qui l'a soupçonnée de vouloir porter atteinte à l'identité nationale. «Supprimer la filière des sciences islamiques, d'histoire-géographie et de langue amazigh n'est pas une réforme mais une atteinte à l'identité nationale», a-t-il martelé hier lors d'un forum intitulé ‘'Projet de réforme du baccalauréat, entre vérité et propagande'' au siège de son parti sis à Ouled fayet (Alger). Pour lui, l'élève va automatiquement négliger ces filières s'il sait qu'elles ne sont pas programmées au baccalauréat. «C'est une suppression pure et simple mais de manière indirecte», a-t-il estimé. Selon lui, les consultations qui ont eu lieu avec les syndicats pour l'élaboration de ce projet ne sont pas réelles, «le but étant seulement de faire taire les partenaires sociaux». «Le projet de réforme qui sera présenté le 24 août au gouvernement n'a pas été élaboré dans la transparence», a-t-il dénoncé. Menasra donne raison aux parties qui ont critiqué la ministre dès son arrivée au gouvernement car, a-t-il dit, «toutes les accusations portées contre elle dès le début se sont avérées justes. Elle a une mission douteuse». Pour étayer ses propos, le porte-parole du front du changement avance que le véritable problème du baccalauréat n'a jamais résidé dans les filières ou la durée de l'examen, mais dans la fuite des sujets. Il a qualifié les accusations d'Ahmed Ouyahia contre les islamistes de «graves et infondées». «Comment peut-il accuser les religieux d'être derrière la fuite des sujets sans preuve tangible ?», a-t-il interrogé. Il estimé «inadmissible» le fait que le gouvernement n'ait pas présenté un rapport détaillé sur la triche au bac. «Deux mois se sont écoulés et aucune communication officielle sur les circonstances de cette affaire n'a été donnée. C'est absurde», s'est-il étonné. Des réformes psans intérêt De son côté, Abdelkader Fodil, ancien inspecteur au ministère de l'éducation, a vivement critiqué les réformes de Benghebrit qui sont, selon lui, sans intérêt pour l'élève. «Supprimer des matières ou réduire le temps d'examen ne va pas améliorer le niveau des lycéens. Bien au contraire», a-t-il lancé. La véritable réforme réside selon lui dans la manière d'évaluer les longues années d'études d'un élève. «On ne peut pas évaluer 12 ans d'études avec deux ou trois questions seulement», a-t-il estimé. M.Fodil préconise de soumettre les élèves à une série de questions pour bien évaluer leur niveau. D'autre part, il est préférable, estime-t-il, que les épreuves soient programmées seulement les matinées pour permettre aux candidats de se reposer l'après-midi et réviser. Pour sa part, Redha Ainine, membre du bureau national du syndicat autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) affirme que l'atelier sur la réforme du bac n'a eu aucun résultat. «Le ministère a préparé unilatéralement ce projet sans véritables consultations avec les partenaires sociaux», a-t-il dénoncé. Même son de cloche du côté de Smaïl Debbah, représentant de la coordination des enseignants des sciences islamiques, qui accuse la ministre de l'éducation de faire cavalier seul dans un projet qui touche à l'intérêt général et à l'identité nationale. Il qualifie d'«abusives» la discrétion et la rapidité avec lesquelles ce projet a été élaboré.