L'ex-responsable de l'instance exécutive du FIS à l'étranger, Rabah Kébir, est en train de réussir une percée spectaculaire sur la scène politique nationale, désertée par ce qu'il convient d'appeler l'opposition. Il n'aurait sans doute pas rêvé d'une telle posture qui fait de lui une V.I.P à laquelle les dirigeants des partis au pouvoir et même certaines personnalités dites « nationales » font les yeux doux. Il n'aurait pas non plus escompté avoir un si beau jeu d'animer la chronique politique algérienne à travers ses longs tête-à-tête en diurne et en nocturne avec le personnel politique au pouvoir ou qui gravite dans le voisinage immédiat. Des responsables et des personnalités qui, croit-il, pourraient lui servir de précieux intermédiaires à sa propre résurrection politique et, si possible, de rampe de lancement à un projet de (re)création d'un parti politique. Après avoir écouté religieusement les conseils de Abderrahamane Chibane, président de l'Association des oulémas, Rabah Kébir a enchaîné une succession de rencontres, plus politiques celles-là, histoire d'obtenir un sauf-conduit officiel en plus de l'onction du cheikh. Bouguerra Soltani, Abdelahmid Mehri, Abdelaziz Belkhadem et, tout récemment, Abdellah Djaballah ont eu « l'honneur » de recevoir, chez eux, la nouvelle coqueluche de la place politique algérienne. Eh oui, mine de rien, Rabah Kébir se retrouve dans la peau d'une personnalité apparemment incontournable aux yeux de l'establishment politique algérien et que, à ce titre, il faudrait l'écouter, le recevoir et pourquoi pas l'intégrer dans une projection politique dont les contours commencent à poindre. Et dans tous ces conciliabules de l'ancien n°3 du FIS avec ses hôtes, l'on remarque deux idées, plutôt des souhaits, qui reviennent presque en boucle : la nécessité de soutenir contre vents et marées la politique de la réconciliation nationale de Bouteflika et l'opportunité de donner à Kébir une « couverture » politique pour son come-back annoncé. Et dans cette équation, le président Bouteflika et ses soutiens d'un côté et Rabah Kébir et ses ouailles de l'autre trouvent parfaitement leurs comptes. Rabah Kébir se chargera de sponsoriser « le succès » de la charte et de le vendre aux terroristes encore au maquis moyennant des dividendes politiques qui pourraient aller à terme jusqu'à l'acceptation de son projet de création d'un parti politique version BCBG. C'est, en tout cas, la seule lecture qui pourrait expliquer les égards témoignés à Rabah Kébir venu en mission « exploratoire » comme il l'avait si bien précisé. Et il semble bien que l'exploration touche à sa fin et que la « production » d'un discours politique officiel en phase avec ce deal soit la dernière étape d'une « normalisation » avec l'aile Kébir du FIS. Exit Benhadj et Abassi Madani. A défaut de s'ouvrir sur les partis de la mouvance démocratique pour tenter de trouver un modus vivendi salutaire pour le pays, le pouvoir semble avoir tranché en faveur de la reconstitution d'une bipolarisation politique qui a tant fait de mal au pays, avec un FIS requinqué aux couleurs du nouveau Kébir. Il est en effet curieux de noter que toutes les personnalités que ce dernier a rencontrées ont cette particularité d'être soit, franchement des islamistes déclarés (Bouguerra Soltani, Djaballah, Chibane) soit des crypto-islamistes comme Belkhadem. Quant à Abdelahmid Mehri même s'il est difficile de lui coller l'étiquette, il reste tout de même un farouche partisan de la solution « négociée » qui intègre la donne FIS et, qui plus est, est signataire du contrat de Rome. A contrario, le refus prêté à Ouyahia de ne pas recevoir Kébir renforce encore cette hypothèse que l'ex-chef de gouvernement ne voudrait pas cautionner le retour des « Fisistes » et partant, se mouiller dans ce marché. Cela supposerait également que son parti, le RND, ne ferait pas partie de la reconfiguration politique souhaitée, à savoir la réinstauration d'une nouvelle bipolarisation Pouvoir- néoFIS. Il y a en tout cas des signes qui ne trompent pas. Il rencontre des ex-émirs à Aïn Defla Rabah Kébir, membre actif de l'ex-parti dissous (FIS), a effectué, hier matin, une visite au niveau du chef-lieu de wilaya de Aïn Defla, ont indiqué des sources sûres. La même source a ajouté que Kébir était accompagné de nombreux de ses sympathisants, dont Madani Mezrag. Au cours de cette visite, l'ex-membre du parti dissous a rencontré des ex-émirs, a encore indiqué la même source. Par ailleurs, aucune information n'a filtré sur cette rencontre, mais d'aucuns estiment que Rabah Kébir est venu à Aïn Defla en quête de soutien. Aziza L., Hassan Moali